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M Honoré | mon héros d'enfance

Avant de vous envoyer quelques documents d'époque qui sont en ma possession, je souhaiterais dans un premier temps, rendre hommage à M Honoré ,et à travers lui, à ces millions de poilus, obscurs, sans grade, qui ont tout simplement rempli leur devoir en première ligne, pendant toute la durée de la guerre dans des conditions que tout le monde connaît mais que personne ne peut réellement imaginer. Sa chance fut d'en réchapper sans blessure grave. Selon son témoignage, de son régiment, ils ne furent que cinq sur les quatre années du conflit à s'en sortir ainsi. M Honoré vivait seul dans une maisonnette au cour du bocage normand. Au cours des années soixante, j'avais entre douze et seize ans. Sillonnant les chemins creux, j'allais très régulièrement lui rendre visite, d'abord parce que j'adorais ce vieux grand-père bougon et oublié par sa propre famille, ensuite parce que je voulais le cuisiner sur cette guerre dont l'absurdité m'obsédait déjà. Mais lorsqu'il s'agissait de la guerre, M Honoré n'était guère causant comme l'on dit dans le coin. Alors à l'appui, déterminé et enthousiaste, je lui apportais de gros livres, des cartes afin de libérer sa parole. Invariablement, il se rebiffait, ses yeux se brouillaient, les mots ne sortaient qu'au compte goutte. Il m'aimait bien pourtant, il aurait voulu me faire plaisir mais les mots pour le dire ne venaient pas. Il était encore sous le coup des ordres criminels leur intimant de serrer les rangs face aux mitrailleuses allemandes, sous le choc de voir tous ses copains frappés. Même blocage pour les bombardements en Champagne, les luttes à coups de tranchant de pelle à Verdun, les bras arrachés d'un camarade sculpteur... C'est lui qui m'a fait grandir par la force étrange d'un regard silencieux lorsqu'en enfant naïf, je lui ai demandé s'il avait tué beaucoup d'Allemands. Son meilleur souvenir ? Son seul sourire ? Noël 1914, lorsque Français, Ecossais d'une unité voisine (nus sous leurs kilts ainsi qu'il l'a vérifié lui-même !)et Allemands se sont échangé quelques présents. Me croirez-vous si je vous avoue que j'ai été submergé d'émotion en regardant en 2005 le film Joyeux Noël ? Tous ces moments partagés avec M Honoré, mon poilu à moi, sont brutalement remontés. En 1969, il y a eu au collège, un échange de correspondants dans le cadre de nos cours d'allemand. Mon correspondant était une correspondante, fille magnifique au demeurant, Monika Krieger (ça ne s'invente pas). Le souhait de M Honoré était que je marie avec elle. Ca ne s'est pas fait. Mais l'Europe était déjà bien en marche dans l'esprit de ce vieux monsieur, si simple, si humble et qui en avait tant vu. Je crois que ce fut ma première vraie leçon d'humanisne.
3 photos de M Honoré, bardé de médailles, à son domicile près de Vire en Normandie prises par moi-même en 1969, quatre ans avant son décès à 83 ans.

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Urbain Vincent

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fra

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3

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Europeana 1914-1918

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UGC

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Type

Story

Language

fra
Français

Country

Europe

DataProvider

Europeana 1914-1918

Provider

Europeana 1914-1918

DatasetName

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Language

mul

Agent

Urbain Vincent | europeana19141918:agent/7c5b410e0a5f87204acf52703b2a1d4c

Created

2019-09-11T08:51:17.852Z
2020-02-25T08:54:48.094Z
2013-11-13 20:04:10 UTC
2013-11-13 20:22:53 UTC
2013-11-13 20:26:28 UTC
2013-11-13 20:31:15 UTC

Provenance

INTERNET

Record ID

/2020601/https___1914_1918_europeana_eu_contributions_8502

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