FRAD066-114-Honoré FOURTY
Croquis dessiné par Honoré Fourty représentant les tranchées du côté de Munster(Alsace).
CONTRIBUTOR
Joël et Marie Ange FOURTY
ses petits enfants
DATE
-
LANGUAGE
fra
ITEMS
14
INSTITUTION
Europeana 1914-1918
PROGRESS
METADATA
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FRAD066-114 bis-Lucien MONTAGNE
2 Items
Photographies || Né à Lézignan-Corbières (Aude), aîné de six garçons, Lucien Montagné va se trouver dans l'obligation d'interrompre ses études universitaires pour aider sa mère à élever ses cinq jeunes frères au décès de son père, Edouard, maire de Lézignan qui s'éteint à l'âge de 45 ans. Dès 1904, Lucien a un emploi dans l'administration des services civils à Madagascar. Il se présentera ensuite à l'école coloniale et sera de la promotion Fernand FOUREAU (1913-1914). Le 2 août 1914, Lucien MONTAGNE(é), administrateur adjoint de 3e classe est en possession d'une fiche de on affectation. Il demande et obtient d'être incorporé le 5 août 1914 au 43e R.I coloniale et prend part avec cette unité aux combats de Lorraine, comme soldat de 2e classe. Fronts de Lorraine, Champagne, Somme) Il sera blessé en février 1915 (éclat d'obus à la cuisse) et cité successivement à l'ordre du Régiment, de la division et du corps d'armée et obtiendra les grades de sergent puis de sous-lieutenant et enfin de lieutenant. Le 1er février 1917, il est placé hors cadres pour remplir ses fonctions publiques administratives en A.O.F (Soudan et Sénégal). Ses deux frères, Édouard et René seront tués pendant la guerre. Lucien est démobilisé le 19 mars 1919. Il se marie cette même année avec Marcelle THIERRY, originaire de Champagne; ils auront 9 enfants dont 3 naîtront en terre malgache où jusqu'en 1930 il fera de nombreux séjours entrecoupés d'affectations au ministère des colonies à Paris. Il sera nommé ensuite lieutenant-gouverneur des Comores de 1930 à 1933. En 1934 il est nommé gouverneur des établissements français d'Océanie. Après la défaite de 1940, le gouvernement de Vichy interrompt sa carrière. Il est le premier gouverneur des colonies à être mis à la retraite d'office pour délit d'opinion. Cette mesure arbitraire l'affecta et le diminua. Il s éteindra le 14 mai 1942.
M Honoré | mon héros d'enfance
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Avant de vous envoyer quelques documents d'époque qui sont en ma possession, je souhaiterais dans un premier temps, rendre hommage à M Honoré ,et à travers lui, à ces millions de poilus, obscurs, sans grade, qui ont tout simplement rempli leur devoir en première ligne, pendant toute la durée de la guerre dans des conditions que tout le monde connaît mais que personne ne peut réellement imaginer. Sa chance fut d'en réchapper sans blessure grave. Selon son témoignage, de son régiment, ils ne furent que cinq sur les quatre années du conflit à s'en sortir ainsi. M Honoré vivait seul dans une maisonnette au cour du bocage normand. Au cours des années soixante, j'avais entre douze et seize ans. Sillonnant les chemins creux, j'allais très régulièrement lui rendre visite, d'abord parce que j'adorais ce vieux grand-père bougon et oublié par sa propre famille, ensuite parce que je voulais le cuisiner sur cette guerre dont l'absurdité m'obsédait déjà. Mais lorsqu'il s'agissait de la guerre, M Honoré n'était guère causant comme l'on dit dans le coin. Alors à l'appui, déterminé et enthousiaste, je lui apportais de gros livres, des cartes afin de libérer sa parole. Invariablement, il se rebiffait, ses yeux se brouillaient, les mots ne sortaient qu'au compte goutte. Il m'aimait bien pourtant, il aurait voulu me faire plaisir mais les mots pour le dire ne venaient pas. Il était encore sous le coup des ordres criminels leur intimant de serrer les rangs face aux mitrailleuses allemandes, sous le choc de voir tous ses copains frappés. Même blocage pour les bombardements en Champagne, les luttes à coups de tranchant de pelle à Verdun, les bras arrachés d'un camarade sculpteur... C'est lui qui m'a fait grandir par la force étrange d'un regard silencieux lorsqu'en enfant naïf, je lui ai demandé s'il avait tué beaucoup d'Allemands. Son meilleur souvenir ? Son seul sourire ? Noël 1914, lorsque Français, Ecossais d'une unité voisine (nus sous leurs kilts ainsi qu'il l'a vérifié lui-même !)et Allemands se sont échangé quelques présents. Me croirez-vous si je vous avoue que j'ai été submergé d'émotion en regardant en 2005 le film Joyeux Noël ? Tous ces moments partagés avec M Honoré, mon poilu à moi, sont brutalement remontés. En 1969, il y a eu au collège, un échange de correspondants dans le cadre de nos cours d'allemand. Mon correspondant était une correspondante, fille magnifique au demeurant, Monika Krieger (ça ne s'invente pas). Le souhait de M Honoré était que je marie avec elle. Ca ne s'est pas fait. Mais l'Europe était déjà bien en marche dans l'esprit de ce vieux monsieur, si simple, si humble et qui en avait tant vu. Je crois que ce fut ma première vraie leçon d'humanisne. || 3 photos de M Honoré, bardé de médailles, à son domicile près de Vire en Normandie prises par moi-même en 1969, quatre ans avant son décès à 83 ans.