Décès au combat du soldat CHEVALIER en Octobre 1914
Ainsi parlait ma mère qui s'estimait lésée de n'avoir jamais été informée sur les circonstances du décès de CHEVALIER Maurice son père. J'avais 7 ans quand la nouvelle est tombée avec si peu de renseignements pour expliquer le pourquoi et le comment d'une telle tragédie. Mon père qui combattait dans les Vosges est mort faute d'avoir été secouru rapidement. Ces quelques mots suffisent à résumer l'horreur de la guerre et ses conséquences. Pour calmer mes angoisses devant une mort aussi injuste, l'entourage familial répétait : Maurice a donné sa vie pour que la France ne connaisse plus d'autres guerres ...
Une certaine amertume filtrait toujours dans les explications de ma mère sur l'attitude des anciens qui avaient cru à cette époque,au bien-fondé de quelques phrases patriotiques en guise de baume. Je partage son sentiment de frustration. Mais à vrai dire, pourquoi aurait-on détaillé à une enfant de 7 ans, l'agonie du soldat blessé? A mon tour, je me suis posée des questions sur le dernier combat de mon grand-père. Toutes mes lectures sur les récits de la Grande Guerre 14-18 n'apportaient pas la réponse souhaitée.
Et puis un jour, j'ai lu Trente mille jours de Maurice GENEVOIX. Je tenais le témoin tant recherché : l'auteur lui-même qui combattait quelque part entre St-MIHIEL et NEUFCHATEAU en septembre et octobre 1914. Ce quelque part où le régiment de mon grand-père s'élançait à l'assaut.
Parce qu'il a vu, entendu et raconté plus tard, j'emprunte à l'écrivain ce paragraphe :
je continue d'entendre les gémissements, les plaintes, les blasphèmes de leur agonie ... A chaque fois qu'une fusée éclairante vibre au bord de l'énorme trou, elle révèle sur la pente ruisselante, des boursouflures qui sont des hommes recroquevillés, étalés sur le dos, agenouillés la tête penchée à cause de leur sang qui goutelle ... Ils toussent par quintes exténuées. Ils font tout haut
le compte de leurs plaies. Et l'un deux brusquement, pousse un long cri farouche qui libère un à un d'autres cris.
Tout l'entonnoir gémit sous le ciel et la nuit ne finira pas. Brancardiers ! brancardiers ! ... A bout de force depuis deux jours et deux nuits, les brancardiers ne viendront pas. Ou s'ils viennent, ce sera pour de nouveaux gisants.
Pour le soldat CHEVALIER, l'attente fut de trois jours et trois nuits. Les brancardiers sont venus et l'ont étendu exsangue sur la civière.
Dans le véhicule qui l'emmenait vers l'hopital militaire avec d'autres compagnons d'armes, tous grièvement atteints,
... La mort était du voyage ...
Quelques instants de silence remplaceront ici ma conclusion.
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ce texte est extrait du JOURNAL GENEALOGIQUE que j'ai rédigé en tant que petite-fille du soldat CHEVALIER Paul-Maurice et destiné à mes petits-enfants afin qu'un jour ils y trouvent la réponse qu'ils se poseront sur certains de leurs ancêtres
Gisèle THOMAS-LAFOND
acte de décès rempli par le corps du soldat chevalier Paul
paul Chevalier
Publication
CONTRIBUTOR
lafond
DATE
1914-10-21
LANGUAGE
fra
ITEMS
1
INSTITUTION
Europeana 1914-1918
PROGRESS
METADATA
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