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Mémoires de Guerre de 1914-1918 d'André ARPIN

16 pages du carnet de guerre d'André ARPIN (1891-1981)
Mon arrière grand-père : André ARPIN a été mobilisé durant la guerre de 1914-1918. Durant cette période, il a décrit dans un carnet son quotidien entre le début de la guerre en 1914, puis sa vie en tant que prisonnier (et infirmier) à Königsbruck (Saxe), Cottbus et à Cologne, jusqu'à son évasion vers la Hollande peu avant la fin du conflit en novembre 1918. Mon grand-père maternel : Jacques LIME a dactylographié ce carnet dans les années 70. Durant sa captivité André ARPIN a aussi fait la connaissance de Roger SALENGRO (homme politique français qui se suicida en 1936 suite à des calomnies l'accusant de désertion en 14/18). Mon arrière-grand-père qui était infirmier dans le camp de Cottbus et l'a connu à cette occasion, témoigna en 1938 en faveur de Roger SALENGRO pour rétablir la vérité et laver son honneur.

Photograph
Roger SALENGRO
Cottbus (Allemagne)
51.75631079999999,14.332867899999996
Mon Arrière-grand-père, André ARPIN et Roger SALENGRO
Prisoners of War
Mon arrière-grand-père, André ARPIN, a été prisonnier au camp de Cottbus durant la 1ère guerre mondiale. Il était infirmier dans ce camps et a connu Roger SALENGRO à cette occasion. Roger SALENGRO est un homme politique Français qui se suicida en 1936 à causes des calomnies l'accusant de désertion durant le conflit de 1914/1918. André ARPIN témoigna en sa faveur en 1938 pour rétablir la vérité. Voici quelques photos de Roger SALENGRO durant sa captivité au camps de Cottbus en Allemagne et la copie de quelques articles de journaux de 1936 et 1938 se rapportant à ses faits.
Official document
Recruitment and Conscription
Livret Militaire André ARPIN
Diplôme d'ancien combattant
Diplôme reçu par André ARPIN en 1976 à l'occasion du soixantième anniversaire de la bataille de Verdun.
Mémoires de Guerre 1914-1918
16 pages des mémoires de Guerre (1914-1918) d'André ARPIN (soldat) qui décrit le début du conflit puis sa vie en tant que prisonnier de guerre.
Memoir

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CONTRIBUTOR

André ARPIN

DATE

1914-07-30 - 1918-11-13

LANGUAGE

fra

ITEMS

22

INSTITUTION

Europeana 1914-1918

PROGRESS

START DATE
TRANSCRIBERS
CHARACTERS
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METADATA

Creator

André ARPIN

Source

UGC

Contributor

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Date

1914-07-30
1918-11-13

Type

Story

Language

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Français

Country

Europe

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Provider

Europeana 1914-1918

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1914
1918

Provenance

INTERNET

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Mémoires de la guerre 1914-1918 de Léopold Louis LECLERCQ 1889-1986

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Histoire Leclercq Léopold Louis né à Beauvois en Cambrésis le 17 avril 1889. Fils de Leclercq Léopold, Chef de gare à Beauvois en Cambrésis, né le 10 janvier 1857 à Bohain Aisne et de Émilia Pierrard née le 8 novembre 1862 tenant le café dans les locaux de la gare. En 1893, Monsieur Leclercq chef de gare eut un accident assez grave en accrochant la machine au train, ayant été pris entre les tampons, et a eu les côtes enfoncées. Malgré cet accident, il a du continuer son service, à ce moment il n'y avait ni sécurité sociale, ni assurance accident, ni congé de maladie, et devait continuer son service. De ce fait, il a été obligé de quitter le chemin de fer et d'entrer dans un grand tissage de Cambrai où il continua son ancien métier, c'est-à-dire employé à vérifier et contrôler l'exactitude de fabrication des pièces de tissu rentrant dans la fabrique et venant de particuliers. Madame Leclercq reprenait son ancien métier comme contre-dame pour la réparation des défauts pouvant exister dans les entames des pièces de tissu. Le petit Léopold Louis était resté chez sa grand-mère Madame Pierrard, à Beauvois où il allait à l'école maternelle. Revenu chez ses parents à l'âge de sept ans, on l'envoya à l'école primaire de Cambrai. Entre temps, le 10 août 1900, naissait son frère Jean Leclercq. À l'âge de 15 ans, Léopold Louis quittait l'école pour apprendre le métier de dessinateur en dentelles à Caudry. Il n'y avait que dans cette ville et à Calais que se fabriquait la dentelle. Il n'y avait pas d'école, mais on apprenait en travaillant dans un atelier spécialisé. N'ayant pas de famille à Caudry, il logeait chez ses tantes, les soeurs de son père à Beaumont, distant de 4,5 km de son bureau. À la morte saison, c'est-à-dire en hiver, on ne faisait que neuf heures par jour. À la saison des nouveautés, on était au bureau de 6h à 12h30 et de 2h à 8h du soir, soit 12 heures par jour. On était douze dans le bureau, avec le patron, sans lever la tête ni parler. Pas de congé, rien. À l'âge de 17 ans, il avait 100 F à la caisse d'épargne, et achète un vélo neuf. Cent francs mais sans freins ni roue libre, cela m'était bien utile pour cette route que je faisais à pied par tous les temps. En 1907, ses parents reviennent à Caudry, et il reprend sa place dans la famille. Son père est contremaître dans une usine de dentelle pour la préparation des métiers. Le 10 août 1910, il partait pour le service militaire au 1er Régiment d'Infanterie à Cambrai où il devient Caporal Mitrailleur jusqu'au 20 septembre 1912, et reprenait sa place au bureau de dessins pendant deux années, pour partir ensuite en guerre le 4 août 1914. Le 3 août, je vais dire au revoir à la famille Danjou et laisse une de mes photos à des amis pour la remettre à Adrienne, photo me représentant avec une mitrailleuse sur laquelle j'écris à Adrienne : Ma dernière pensée sera pour vous. Le 4 août 1914, je quitte la famille en laissant une lettre disant : Si je ne reviens pas, ne pleurez pas, nous partons pour battre le militarisme allemand. Départ à 8h à bicyclette afin de m'arrêter à Beauvois pour embrasser ma grand mère maternelle, Madame Jean Joseph Pierrard, née Astrée Vincent. Je m'arrête à l'entrée de Cambrai pour embrasser mes cousines et arrive bd Vauban, près de la citadelle du 1er R.I., où je suis incorporé au 201ème R.I. caporal mitrailleur. Trois jours après, nous embarquons à la gare de Cambrai dans des wagons à bestiaux, descendons du train, passons la frontière belge et continuons jusqu'à Couvin. En arrivant dans cette ville, j'ai vu une plaque de dentiste. Dès mon arrivée au cantonnement, je suis vite allé chez ce dentiste car j'avais une rage de dent. Il me l'arracha, me donna l'apéritif et ne voulut pas être payé. Le lendemain, nous partons pour Philippeville, Rosée, pour arrêter à Anthée. Le 15 août, grande bataille pour Dinant sur Meuse, où les Allemands tentent de passer le Rhin et font une entrée sur Namur. Alors nous sommes en attente. Doit-on nous diriger sur Namur ou sur Dinant ? Le Haut Commandement semble indécis car, un jour, on nous fait prendre la route de Namur et un autre, revenir sur nos pas et nous diriger sur Dinant pour arrêter à Anthée. Là, nous installons nos mitrailleuses en batterie dans l'attente. Le 22, nous reprenons la route vers Onhaye, un avion allemand nous survole, le commandant nous crie: Mitrailleurs, mitrailleurs ! Hélas, nos mitrailleuses ne possédaient rien pour tirer en l'air. Les autres soldats tiraient bien au fusil, mais l'avion faisait son travail d'observation bien tranquillement. Mais Onhaye était occupé par les Allemands. Alors notre bataillon a repris la moitié du village dans la soirée et tout s'arrêta là. Beaucoup de soldats du 33ème R.I. revenaient blessés. Nous restons donc la nuit dans la moitié du village, et les Allemands dans l'autre. Nous nous allongeons dans les couloirs des maisons et à 4h du matin, on nous fait reculer. À la sortie du village, le Général Mangin était là avec son ordonnance. Il nous fit quitter la route et nous répartir en pleins champs. Hélas, la retraite commençait donc, le 23 août au matin. Nous passons près d'une batterie d'artillerie qui tire, nous installons nos mitrailleuses un peu plus en arrière mais l'ordre était de repartir. L'artillerie tira encore puis repartit au grand galop. Nous avons vu la colonne allemande arriver sur la route, mais ordre nous était donné de repartir vite. Le 30 août à Guise, le 1er R.I. livre bataille aux allemands qui reculent de 7 km, mais le soir, ordre est donné de reprendre la retraite, nous arrivons dans un village vide, la population est partie. Les soldats visitent les maisons à la recherche de ravitaillement, rapportent du vin, d'autres tuent des poules. Nous avons faim, mais comment faire cuire les volailles ? Pas de beurre, pas de graisse, rien. Décision : les faire cuire dans du vin, c'est ce qui fut fait, et enfin nous pouvons manger. Très tôt le matin, nous reprenons la retraite de plus en plus fatigués. Le soir, le lieutenant qui marchait à mon côté en avant de la section, me dit : Léopold, je vais me tenir à votre ceinturon. Mais cela n'allait pas, alors je l'ai pris par le bras. Et nous avons continué jusqu'à la nuit. Nous passons la nuit sur la route et continuons la retraite, toujours sans rien savoir, ce qui nous démoralisait. Le 4 septembre, nous arrivons à l'entrée du département de l'Eure, fatigués (nous avions traversé la Marne de justesse, sur le pont de bateaux installé par le Génie, qui a aussi juste le temps de le retirer, et de partir en vitesse). Dans la nuit du 4 au 5 septembre les officiers sont appelés, ordre était donné enfin de reprendre l'offensive. Cela nous remonta le moral et, à 5h du matin, nous repartions : la bataille de la Marne commençait. Les régiments qui mènent le combat sont des troupes reposées, et notre régiment si fatigué suit et reste en réserve. Alors, c'est la joie dans cette marche en avant. Notre 75 fit la terreur de l'ennemi. À Montmirail, l'église était pleine de blessés, Allemands principalement, par les obus du 75. Ils étaient allongés par terre et ils nous disaient Oh! 75. En réalité, le vainqueur de la Marne fut notre 75. La poursuite de l'ennemi s'arrêta pour nous en Reims car nos 75 n'avaient plus de munitions, de sorte que les Allemands s'organisèrent sur les hauteurs de Reims: le chemin des Dames, etc ... Nous restons 4 jours dans le jardin public de Reims. Je vais dire à des cousins Richez Leclercq que je suis là, et ils sont venus me voir. Je leur avais fait une visite deux mois avant. Après ces quatre jours d'arrêt, nous reprenons la route en direction de Fismes, lorsque nous apercevons derrière nous un grand incendie : c'était la cathédrale de Reims qui brûlait, après un bombardement de l'ennemi. Entre Reims et Fismes, à Jonchery, nous prenons à droite la route de Pontavert, où nous passons la rivière de l'Aisne et son canal. Là, nous nous arrêtons quelques jours pour ensuite prendre position sur la rive droite de l'Aisne, à un kilomètre en face de la Ferme du Choléra. Là, va commencer notre vie dans les tranchées, à peine ébauchés. Début octobre, on vient nous dire : Prenez vos dispositions pour passer l'hiver sur place !!! En plein champs. C'est gai !! Notre tranchée se trouve entre un petit bois au bord de l'Aisne. Cette tranchée fait environ 150 mètres entre deux bois. À 10 mètres devant nous, se trouve une ligne de soldats bien alignés à un pas de distance l'un de l'autre qui, en partant à l'assaut, ont été fauchés sur place. Bien entendu, il n'est pas question d'aller les enlever, ils resteront là certainement tant que le terrain ne sera pas repris ou, ce qui est plus probable, jusqu'à la fin de la guerre. Comme nous étions si peu nombreux pour tenir notre tranchée et qu'il y avait à Pontavert un bourrelier, j'ai envoyé deux soldats prendre tout ce qu'il y avait dans le magasin, toutes les sonnettes, grelots ... Puis, en avant de notre tranchée, j'ai fait mettre des piquets reliés par un fil de fer et y ai fait attacher les grelots afin d'être averti si, en cas de nuit, l'ennemi essayait de nous attaquer. Et une belle nuit, voilà qu'on entend : drelic, et drelic ... et aussitôt un tir de barrage par nos mitrailleuses. Peut-être n'y avait-il personne, ou est-ce une bête qui en passant a accroché nos sonnettes. Un mois plus tard, on nous dirige sur le grand bois, à un moment donné, on nous dit tout bas : Silence ! Silence ! Pas de bruit ! Nous arrivions pour relever ceux qui sont sur place, l'ennemi se trouve à quelques mètres, et il ne faut pas qu'il entende. Et c'est ici que nous allons passer l'hiver. Nous avons des petits abris que nous avons légèrement couverts avec des branchages et de la terre, une toile de tente comme plafond pour recueillir l'eau, nous étions trois dans cet abri couchés sur la paille et, pour nous couvrir, un matelas rapporté du village. Nous y étions très bien. Mais c'était l'hiver, le gel, la neige etc ... Pour l'hiver et, à cause du froid qui empêchait ou retardait le fonctionnement de nos mitrailleuses, nous touchions des braises. On en mettait dans une petite boite en fer, le peu de chauffage pouvait ainsi faire démarrer les mitrailleuses immédiatement. Il ne fallait pas de retard car en un rien de temps, l'ennemi pouvait être sur nous. Alors avec le supplément de braises, nous pouvions nous faire quelque chose de chaud : du chocolat, mais pas d'eau ! Alors, mes soldats allaient chercher dans les trous le peu de glace qui se trouvait sur le peu d'eau. Toujours des morts autour de nous. Un jour, comme nous étions séparés de dix mètres de la suite de la tranchée, j'ai voulu faire faire un raccordement, mais leur pioche frappa sur un cadavre. Impossible de continuer. partout les morts étaient simplement recouverts d'un peu de boue. 1915 Pour la nouvelle année, nous avons touché un supplément: vin, chocolat, cigares, une bouteille de champagne pour quatre. Bien ... Le vin étant bu, mes soldats me disent uvons le champagne ! Je leur dis : Non, ce sera pour demain !, et on est d'accord. On allume le cigare et, lorsque je m'avance vers un soldat pour prendre du feu, une balle me passe près de la tête, juste après. Aussi vite, mes soldats disent : As-tu vu ? Encore un petit peu, tu n'aurais pas bu ton champagne ! Et aussi vite, les bouchons sautèrent et on trinque. J'en avais passé d'une belle car à quelques centimètres près, c'était fini. Les fantassins qui étaient dans les tranchées près de nous avaient fréquemment des tués lorsqu'ils étaient près de leur créneau de tir. Comme je possédais un périscope, je suis allé dans leur tranchée et, à l'aide du périscope, j'ai pu repérer les créneaux par lesquels l'ennemi veillait et tirait sur nos tranchées. Alors, j'ai fait prendre une de nos deux mitrailleuses, et chercher un endroit propice à l'intérieur de la lisière du bois. J'y ai fait installer tout doucement la mitrailleuse afin qu'aucune branche d'arbre ou de broussaille ne bouge, j'ai fait pointer la pièce sur un créneau dans lequel l'ennemi veillait à tous moments et, aussi vite, feu ! Alors tous les créneaux de l'ennemi disparurent et nous n'avons plus eu de morts à déplorer. Le régiment part au repos, mais nous laisse sur place avec le 284ème à cause du peu de mitrailleuses en ligne puis, fin février, au repos à Suippes. Mais le Colonel du régiment qui est aux tranchées demande à notre Colonel un chef de section mitrailleur et, sans repos, me voici reparti cette fois dans la tranchée de Souain. C'est alors que notre régiment est envoyé à Souain pour attaquer. Il se trouve, entre les lignes françaises et ennemies, un moulin en briques qui sert de poste d'observation à l'ennemi. Ce moulin est miné par le génie et une forte charge d'explosif y est accumulée en vue de le faire sauter. Nous arrivons donc pour cette bataille. Le 7 mars 1915, c'est l'explosion. Bien qu'étant à environ 200 mètres, nous avons senti le sol remuer. L'explosion a fait disparaître le moulin laissant place à un entonnoir de 80m de long et 40 de large et les quatre compagnies se ruèrent à l'assaut, et dépassèrent l'entonnoir. Malheureusement, le régiment d'à côté qui devait attaquer aussi n'est pas sorti de ses tranchées, et les Allemands vinrent rejeter les notres à coups de grenades dans l'entonnoir. (Ce régiment qui n'a pas attaqué est passé en conseil de guerre. La faute retombe sur quatre malheureux caporaux, non responsables, qui furent fusillés). La faute retombe sur ... quatre caporaux, qui furent par la suite fusillés. Ce soir-là, je dis à mes hommes : Personne ne dormira cette nuit, en cas d'attaque ennemie ! Tous, nous passons ainsi la nuit et, vers 6h du matin, deux soldats me disent : Maintenant, nous pourrions aller dormir, chacun notre tour ?. Bon ! Ils entrent dans leur abri à moins de deux mètres de nous et, moins d'une demi-heure après, un obus nous rase et s'enfonce dans l'abri où sont mes deux soldats. Celui qui avait demandé d'aller se reposer est tué, l'autre a le bras enlevé !!! Dès le 19 juin 1915, nous occupons le secteur de Vapignan et de La Rumèle à droite de Berry-au-bac. Nous sommes en bordure du canal de l'Aisne à la Marne. Le canal est à sec, nous sur la berge sud, les Allemands sur la berge opposée. Nous sommes dans l'écluse, une sape a été creusée jusqu'à l'intérieur de l'écluse, qui avance dans le canal. Un créneau a été creusé dans le mur de façon à y placer une mitrailleuse qui puisse tirer dans le fond du canal, sur toute sa longueur, afin d'empêcher l'ennemi de pouvoir le traverser en cas d'attaque de sa part. Les autres mitrailleuses sont disposées le long du canal. À 50 mètres de l'écluse, du côté allemand, se trouve la maison de l'éclusier. Un jour, le Colonel vient et me dit : Il faudrait aller avec une mitrailleuse dans la maison de l'éclusier ! Je réponds : Mais, mon Colonel, les Allemands sont dans la maison. Les hommes seront tués avant d'y arriver !. Ah bon !, me dit-il. Il avait compris. Un bon moment après, on vient me dire : Il faudrait traverser le canal à 13h avec une mitrailleuse. Il y aura une attaque à la tombée de la nuit et il faudra tirer pendant que les attaquants avanceront. Alors, à 13h, nous y sommes et je dis à mes hommes prêts - allons-y et, en un éclair, nous sommes de l'autre côté. Nous n'avons pas été vus. Vers 20h, une fusée est envoyée en l'air : c'est le signal. Le jeune Capitaine St Cyrien arrive en coup d'éclair avec sa compagnie et crie : Mitrailleurs ! Feu ! Je fais tirer mes mitrailleuses dans l'inconnu au risque de tuer les attaquants. Alors le Capitaine installe ses hommes et, sur le communiqué dans les journaux, il y avait: Dans l'Aisne, une tête de pont a pu être installée sur la rive nord du canal de l'Aisne. C'est ce jeune Capitaine qui a eu tous les honneurs. Durant ce séjour sur le canal, nous sommes soumis à de forts bombardements. L'ennemi qui est puissamment organisé, avec de gros obusiers installés dans des carrières, ne cesse de nous envoyer ses énormes obus : on les voit monter en l'air, puis pivoter et retomber en zigzagant. Impossible de voir où ils allaient tomber et éclater dans un bruit épouvantable, retournant la tranchée avec les soldats qui n'avaient pu s'échapper. La nuit aussi, l'ennemi nous envoyait également de temps à autre ces énormes marmites, on les voyait monter en l'air, la poudre continuant à brûler au culot de cette marmite, comme on l'appelait, puis se retourner et tomber avec un bruit infernal pour tout démolir. À la suite de quoi, il fallait tout remettre en état, évacuer les blessés et les morts. Vers la fin d'octobre 1915, je demande à parler au Colonel, qui me reçoit. Je lui fait part de mon étonnement de ne pas monter en grade, ni d'avoir la Croix de Guerre. Je lui dis aussi : Si je suis tué, mes parents ne sauront pas ce que j'ai fait pendant la guerre. Je me doutais que c'était mon Lieutenant qui mettait obstacle à mon avancement. Donc, avant de me recevoir, il avait convoqué ce Lieutenant pour savoir ce qui m'amenait à demander à lui parler. Naturellement, il n'en connaissait pas le motif. J'ai compris alors que ce Lieutenant, pour me nuire, a du dire au Colonel que je n'avais pas de discipline avec mes hommes. Alors j'ai dit au Colonel : Je n'ai rien à reprocher à mes soldats. Ils sont venus pour battre l'ennemi et je n'ai qu'éloges à leur faire, et l'un d'eux leur a dit si le sergent est blessé, c'est moi le premier qui irait le rechercher. Maintenant, lorsque nous allons au repos à l'arrière, je les laisse tranquille 2 ou 3 jours pour qu'ils se détendent, puis je les reprends en main et je leur dis demain, revue d'armes, puis revue d'habillement ! Les voilà contents d'avoir quitté pour un moment cette vie infernale des tranchées et d'être loin des bombardements. Je crois que le Colonel a compris car, deux mois après, il est formé une nouvelle compagnie de mitrailleuses et le Colonel m'y envoie. 1916 Le 19 février 1916, repos à Bouvancourt. Le 22, nous en repartons pour un autre endroit de repos. Mais ... en cours de route, nous voyons passer au grand galop généraux etc ... Puis, on nous fait faire demi-tour, mais cette fois c'était pour embarquer en chemin de fer dans des wagons à bestiaux et petit à petit, on apprend la nouvelle, les Allemands ont attaqué à Verdun. En cours de route, le train s'arrête et des camions nous attendent. Toute la journée, nous roulons, puis toute la nuit, et les camions nous déposent le 24 à Saint Lumier. Puis d'autres camions nous reprennent pour nous débarquer de nuit aux portes de Verdun, alors que les civils quittent cette ville. C'est la désolation. La compagnie que je venais de quitter a eu la plus mauvaise place, c'est-à-dire en face du fort de Douaumont, et ma nouvelle compagnie, qui était en grande partie formée de jeunes soldats, occupe la côte du Poivre où nous ne subissons que de très forts bombardements. Le 12 mars, le régiment était relevé, mais après avoir reçu des renforts, le régiment remonte en ligne le 18 mars. Mon bataillon revient sur la côte du Poivre pour toujours occuper la rive droite de la Meuse et empêcher le franchissement du fleuve. Enfin, le 8 avril 1916, c'est la relève et les camions nous conduisent au repos à Saint-Dizier. Par la suite, nous arrivons dans la Somme où nous séjournons dans les tranchées. Le 24 août 1916, commence la grande bataille de la Somme. À 14h, nous sortons de nos tranchées pour l'attaque. Nous partons en colonne, un par un à 30 m de distance et en marchant au pas car l'artillerie a ordre d'allonger le tir progressivement pour nous protéger. Nous ne pouvons donc pas aller plus vite. Dès qu'il nous a vu sortir de nos tranchées, l'ennemi à son tour nous a bombardé avec ses 77. Fort heureusement, les obus tombaient à quelques mètres de notre colonne et par miracle aucun blessé. Nous arrêtons un moment sur place pour laisser la vague d'assaut continuer son attaque et prendre la tranchée ennemie. À la suite de quoi, nous sommes repartis, pour placer nos mitrailleuses dans la tranchée ennemie. Puis à la tombée de la nuit, le Capitaine me dit d'aller à un autre endroit avec deux mitrailleuses. Peu de temps après, l'ennemi s'énerve et déclenche une forte fusillade avec tirs de canons de tranchées sur notre position et nos mitrailleuses lui répondent. La nuit se passe ensuite normalement. Le lendemain matin au petit jour, le Capitaine vient et me dit : Vous êtes trop avancé. Mettez-vous dans cette tranchée qui a été faite cette nuit. Je lui dis : Non, mon Capitaine, car au lever du jour, l'ennemi verra cette nouvelle tranchée et la bombardera ! Alors, il me dit que j'avais raison. Peu de temps après, j'entends : Camarade ! Camarade ! C'était un Allemand qui se rendait. je l'ai pris par la main et fait descendre, alors, tout de suite, on était camarade. Au bout d'un moment, je lui ai dit : Maintenant, va-t'en vers l'arrière!, et d'autres se sont occupés de lui. Mais il devait être heureux, car pour lui, la guerre était finie. Pour cette bataille, j'ai eu la citation suivante : ---------------------------- ORDRE GÉNÉRAL DU 1 ER CORPS D'ARMÉE Leclercq Léopold, chef de section du 201ème R.I., 6ème Compagnie de Mitrailleuses, a montré un sang-froid remarquable et a entraîné très courageusement sa section à l'attaque du 24 août 1916. Lui a fait prendre les positions les plus judicieuses pour le tir. Sur le front depuis le début de la campagne, s'est déjà fait remarquer à plusieurs reprises dans des circonstances difficiles. Possède beaucoup d'allant, activité inlassable. ---------------------------- Nommé adjudant le 21 septembre 1916 et proposé sous-lieutenant. Nommé sous-lieutenant le 9 octobre 1916. Nommé lieutenant le 9 octobre 1918. Enfin, la justice est faite. ---------------------------- Et en me remettant la Croix de Guerre sur le champ de bataille, le Colonel me dit : Vous voyez ! Tout arrive en même temps., et je lui réponds Merci, mon Colonel !\n 1917 Le 15 avril, nous nous installons dans la tranchée de départ, au nord de Craonnel, et le 16 à 6h du matin, c'est le départ. Les Allemands nous attendent depuis deux jours. Aussi, dès notre sortie des tranchées, toutes les lignes allemandes tirent sur nos mitrailleuses etc ... Les balles sifflent autour de nous, les obus pleuvent de tous cotés. Nous suivons de près la première vague d'assaut, car nous sommes toujours un peu en retard, du fait qu'il faut sortir les mitrailleuses de la tranchée de départ. À la tête de mes hommes, je suis toujours en prière avec Dieu, je lui demande de me conduire Lui-même, de me préserver ainsi que mes soldats. Tout de suite, je vois que notre attaque est arrêtée par ces nombreuses balles et obus qui tombent autour de nous. C'est alors que j'aperçois un petit talus, à 50 mètres à ma droite et en avant. Alors, je crie à mes hommes : Vite ! Au talus !, et en leur montrant. Nous y sommes parvenus juste avec un soldat blessé. Nous nous sommes allongés le long de ce talus et j'ai voulu voir la blessure qu'avait ce soldat. C'était dans l'aine, la blessure n'était pas pénétrante. C'était peut-être un caillou ou un bloc de terre qu'un obus aura projeté. Mais le talus était si peu haut qu'en voulant lui faire un pansement, je sentais les balles passer au dessus de mes mains. Alors, je n'ai pas continué. Mais ce soldat voulait partir en arrière, et je lui ai dit : Tu ne vois pas ? Tous les blessés qui veulent partir en arrière, tous tombent sous les balles ! Nous sommes donc restés toute la journée dans cette position. Souvent mes hommes me disaient : Partons dans un trou d'obus ! Je m'y refusais en leur disant : Tant pis si un obus tombe : ici, nous serons tous atteints. Tous les blessés qui remontaient la pente, tous tombaient, cette fois pour de bon. Nous sommes donc restés dans cette situation jusqu'à 8h du soir. Les obus tombaient de tous cotés. J'avais un panneau à déployer pour indiquer à l'avion où nous étions, mais je ne pouvais bouger. Les Allemands nous dominaient de partout. Le 16 à la tombée de la nuit, vers 20 heures, je cherche un peu partout pour retrouver mon vieux Commandant. Je le retrouve lui aussi dans un trou d'obus, alors je lui demande ce qu'il faut que je fasse, et il me dit : On a pris un bout de tranchée allemande cet après-midi, il faut y aller !\n Alors, dès la nuit venue, je rassemble mes hommes, et nous grimpons. la côte est si forte qu'il faut que je m'accroche à l'herbe pour grimper. Et les hommes, avec les pièces sur le dos, ce n'était pas facile. Alors, nous avons réussi sans nous faire voir et, le lendemain matin, j'allais en avant de la tranchée et sur le coté avec une mitrailleuse et trois hommes, dans un trou d'obus, de façon à surprendre l'ennemi en cas de contre-attaque de sa part. Le 17 avril, je me trouvais avec le commandant lorsqu'à 14h10 arrive un coureur apporter un pli au Commandant, qui donnait l'ordre d'attaquer à 14h. Donc avec 10 minutes de retard, je retourne en rampant à ma pièce. Une demi-heure après, je vois sortir de la tranchée ce qui restait du bataillon, et je fais tirer en direction d'une mitrailleuse allemande qui nous gênait, lorsque je vois les Allemands sortir de leur tranchée et venir en tirant sur les notres qui venaient de sortir de leur tranchée pour les attaquer. Aussi vite, je frappe sur l'épaule de mon mitrailleur en lui disant : Vite ! À droite !, et en un temps d'éclair, les Allemands sont fauchés. Plusieurs fois, d'autres Allemands voulaient sortir, mais à chaque fois, ma mitrailleuse les en empêchait. À 10 heures du soir, le régiment ayant subi le maximum de pertes était relevé et remplacé par un autre régiment. À cette occasion, j'ai eu la citation suivante : ---------------------------- ORDRE DE LA 1ère DIVISION D'INFANTERIE, 201ème R.I. Officier Mitrailleur du plus grand mérite. Modèle parfait de bravoure et d'entrain. Au cours des attaques des 16 et 17 avril 1917, a réussi à mener son peloton intact, personnel et matériel, dans une tranchée allemande, et a contribué puissamment à refouler tous les retours offensifs de l'ennemi. ---------------------------- Et nous partons pour le camp de Mailly, pour recevoir des renforts avec la jeune classe 1917. Le 16 juin, nous quittons le camp de Mailly, et partons par petites étapes en direction de Meaux, avec séjour à Souaix. Mais, le 26 juin, nous quittons cette belle petite ville pour aller nous embarquer en chemin de fer à Provins, pour nous débarquer à Bergues, et cantonner dans les Flandres, région de (?). Avec Monsieur Nick, nous frappons à une porte pour demander à passer la nuit, mais pas de réponse : les Flamands ne nous aiment pas. On apprend qu'il va y avoir un grand coup. Le Roi des Belges a demandé le 1er Corps d'Armée français. Nous aurons les Anglais à notre droite sur le canal de l'Yser et les Belges à notre gauche. Alors, nous restons un moment à l'arrière du front, en attendant la bataille. À ce moment, le Commandant me dit : Je vais vous donner le commandement de la section franche, et je lui réponds Ah ! Non, mon Commandant ! Je reste Mitrailleur ! Et il n'a pas insisté. La section franche a pour but de préparer le terrain avant l'attaque : la nuit, aller couper les barbelés s'il y en a, essayer de faire un ou plusieurs prisonniers, etc ..., etc ... Le 12 juillet à la nuit tombante, nous partons pour prendre position. Vers minuit, nous arrivons en première ligne, sur le canal, juste avec les Anglais à notre droite. Un officier anglais vient me dire : Non tirer pétroleur ! Je lui réponds : Pétroleur ? ... lance-flammes ? No, No, No ... Que veut-il dire avec pétroleur? Alors, à force, je lui dis : Patrouilleur ?. Yes ! Yes ! Il voulait me dire que ses hommes allaient faire une patrouille devant moi, c'est-à-dire en bordure du canal à sec, et de ne pas tirer. Ils ont certainement été vus par les Allemands, et une pluie de grenades s'est abattues sur nos tranchées. Dès les premières, j'étais avec un autre Lieutenant qui me dit : Qu'est ce que c'est que ça ?. Et à la lumière d'une fusée, je lui dis : Une grenade ! Et au même moment, il recevait tout dans la figure. Tué net. Quant à moi, je me suis jeté à terre tout de suite et c'est le coté droit qui a pris. Mais ce n'était pas fini car les grenades tombaient toujours. Celles-ci ont mis le feu à des caisses de fusées, de grenades et tout continua à sauter autour de moi. Personne ne pouvait approcher. Lorsque tout a été fini, j'entends une voix qui dit : Vous êtes là, mon Lieutenant ?. C'est un de mes soldats qui avait pu approcher. Et il m'a transporté sur son dos jusqu'à la position de sa mitrailleuse. Ensuite, ils se sont relayés, et m'ont transporté au poste de secours un peu en arrière de nous. Mon capitaine était là, et je lui dis : Cette fois, ils m'ont eu ! Et au docteur qui était un ami, je dis : L'oeil droit est perdu ! Alors, il me ferme l'oeil gauche, et me montre ses doigts : Combien y en a t'il ?. Je lui réponds Quatre !. Non ! Ton oeil ne sera pas perdu ! Après, il fait les pansements : à l'épaule, la cuisse, le mollet. Je pense que c'est terminé, mais voilà qu'il retire la chaussure. Alors là, j'ai manqué de tomber dans les pommes ! Jusqu'à ce moment, je ne savais pas qu'il y avait une blessure au talon. C'est que le renfort de la chaussure était rentré dans l'os. À partir de ce moment, la blessure me fit bien souffrir, principalement sur le brancard. Ils ont du me transporter sur quatre kilomètres pour arriver sur la grand'route, attendre à coté d'autres l'arrivée d'une ambulance. À son arrivée, je dis au conducteur : Tu iras doucement, car j'ai mal. Il avait beau aller doucement, les routes étaient bien abîmées par les bombardements. Au bout d'un moment, on s'arrête à un poste de secours sur la route. Le docteur me demande si on m'a fait une piqûre antitétanique. Je lui réponds que je n'en sais rien. On me fait une piqûre dans le ventre, et il me dit : Je vous envoie dans un hôpital où vous allez être bien. Alors, on me fait entrer dans un hôpital militaire belge en planches, et construit sur pilotis en briques. Nous étions donc le 13 juillet. Tout de suite, radios de tous côtés, puis opération. Lorsque je me suis réveillé de l'opération, dans mon lit j'ouvre les yeux et je vois Monsieur Nick (notre aumônier militaire), assis auprès de mon lit, et priant en attendant mon réveil. Cela me fait grand plaisir, et j'ai eu un grand sourire : quel brave pasteur ! On l'avait fait prévenir que j'étais blessé, et tout de suite, il est parti à cheval demander où j'étais parti. Et maintenant nous voici au 14 juillet : Dans l'après-midi, une dame qui avait un voile sur la tête entre dans ma chambre et, en me donnant un bouquet de fleurs, me dit : Je vous souhaite votre fête du 14 juillet ! Puis, un paquet de chocolat enroulé d'un ruban tricolore français et une boîte de cigarettes. Je lui dis : Merci, Mademoiselle ! Elle me demandait : Vous ne souffrez pas trop ?. Et, toujours je dis : Non ! ou Merci, Mademoiselle !\n Lorsqu'elle fut partie, mon infirmière entre à son tour, et me dit : Vous avez eu la visite de la Reine !!! Et je lui dis Je n'en savais rien ! Je lui ai toujours dit : Merci mademoiselle !! Au bout d'un moment : Il faudrait regarder dans les oreilles : on dirait que j'ai de l'eau dedans. Et l'après-midi, le spécialiste est venu. Alors il me dit : Vous avez à droite une double perforation du tympan, et à gauche, une. Lorsque les tympans furent réparés, on me conduisit plusieurs fois dans son cabinet, pour empêcher les osselets de se souder aux tympans. Alors il m'enfonçait comme la grosseur d'une aiguille à tricoter, creuse et courbe, dans la narine, et reliée à un tuyau en caoutchouc, au bout duquel il y avait une poire en caoutchouc. Alors il appuyait sur la poire, de façon à projeter un souffle sur le tympan, pour l'empêcher de coller aux osselets. Il m'a très bien soigné : bien mieux que si j'avais été à Paris. Au bout de 3 mois, j'ai dit à mon infirmière : Je vais bientôt partir, car je voyais les blessures se cicatriser. Et elle me dit : Oh non ! Vous allez passer l'hiver et l'été prochain avec nous ! Alors, je lui dis : Ah non ! Vous voulez rire!, et de me répondre : Vous avez une mauvaise blessure au talon, qui vous tiendra longtemps. Et de m'expliquer que le calcanéum est un os spongieux qui se refait difficilement. Dès ce moment, j'ai cherché un moyen pour aller dans un hôpital de Paris. Je me suis adressé à une dame qui avait une assez forte autorité à Paris. J'avais fait sa connaissance en allant, pendant une permission, aux Invalides. Elle en causa au Professeur Walter de l'Hôpital de la Pitié en lui disant que j'étais son neveu. Août 1917 : Quelques jours plus tard, le docteur vient me voir et me dit : Vous partez demain à l'Hôpital Pitié-Salpêtrière, Service 7, Professeur Walter. Dès le lendemain, j'embarquais à Calais avec mes béquilles. Arrivé à Paris à l'Hôpital Pitié-Salpêtrière au Service 7, je me présente à l'infirmière chef. Elle me dit : Il n'y a pas de place pour vous ici. On ne vous attend pas, etc ..., etc .... Je dis encore : Enfin ! C'est bien ici l'Hôpital Pitié-Salpêtrière, Service 7 ? Oui mais il n'y a pas de place pour vous ici. Alors je dis : Madame Picquart n'est pas là ? Alors aussitôt : Ah ! En voila encore un de Madame Picquart ! Vite, on m'a conduit dans une chambre, fait coucher, et apporté un bol de soupe. Dès que Madame Picquart est arrivée, on lui a dit : Un blessé qui vient de Belgique est ici de votre part. Elle est donc venue me voir, et me dit : Habille-toi et vient avec moi. Je vais te présenter au Professeur Walter. En me présentant, elle lui dit : Mon neveu, le Lieutenant Leclercq que vous avez fait revenir de l'hôpital belge. Non loin de l'hôpital, habitait Monsieur Paul Richez, j'allais souvent lui rendre visite, et me tenais quelquefois à manger avec lui. Depuis le 26 août 1914, les Allemands occupent le Nord de la France, et sont à Caudry. Il n'est plus possible de correspondre avec la famille. ---------------------------- CITATION À L'ORDRE DE L'ARMÉE Leclercq Léopold, Sous-Lieutenant au 201ème R.I., 6ème Compagnie de Mitrailleuse Brave officier plein d'allant, blessé grièvement à son poste de combat le 13 juillet 1917, au moment où il maintenait ses hommes en position sous un violent tir de barrage. Signé : Pétain ---------------------------- Octobre 1918 Mais tout va changer. Les Allemands sont en déroute. Le 30 septembre, l'ordre est donné à la population de Caudry d'évacuer la ville, sauf les vieillards et les malades qui peuvent se réfugier rue d'Alsace (actuellement rue Briand). Enfin, le 4 octobre, Caudry est évacué par les Allemands. Quelques jours plus tard, Monsieur Richez me dit avoir reçu une lettre de Léa Danjou lui annonçant leur libération, qu'elle et ses soeurs sont restées à Caudry et sont en bonne santé. Aussitôt, je cherche un moyen pour aller à Caudry, les trains ne marchent pas pour le Nord. Je dis à l'hôpital : Caudry est libéré des Allemands, je vais voir pour m'y rendre. Je vais à la gare du Nord. Après m'être expliqué, on me dit : Il y a là-bas un train de matériel qui va partir pour Cambrai. Je vais voir : il transporte des traverses de chemin de fer et autre matériel, et je dis aux employés : Je vais monter sur l'un de ces wagons ! Me voila parti. Avant Péronne, le train ne peut aller plus loin. Je descends et, devant la gare, je vois des camions anglais et demande : Où allez-vous ? Ils répondent : Marètze, Marètze ! J'ai compris qu'ils allaient à Maretz et leur dit : Très bon pour moi ! Et ils m'ont pris avec eux. Arrivé à Maretz, je m'informe où se réunissent les officiers. Je me présente avec ma canne car je marche difficilement sans. Très bien reçu, je leur explique que je voudrais aller à Caudry : Vous serait-il possible de m'y faire conduire ?, et ils me disent : Il est trop tard ce soir car on ne peut allumer les phares, mais venez demain à 8 heures, on vous y conduira. Je passe la nuit dans le grenier de cette maison. Les Allemands étaient au Cateau et ont bombardé toute la nuit. J'avais peur d'être blessé. Le lendemain à 8 heures, j'avais le chauffeur pour me conduire. Octobre 1918 et 1919 Dans sa lettre à Monsieur Richez, Léa lui disait : Maintenant nous habitons dans la rue du Temple, le numéro 89. C'est donc à cette adresse que je me suis fait conduire, ne sachant si mes parents étaient à Caudry ou évacués. J'arrive donc, Évelyne est toute drôle de voir un soldat français, puis elle dit : Mais c'est Léo ! Puis dans la cuisine je trouve Léa et Adrienne toutes surprises de me revoir, et Léa dit : Mais il est Officier ! Alors Évelyne est allée tout de suite voir si mes parents étaient là. Elle a trouvé mon père seul, ma mère et mon frère étaient partis en Belgique. Ce fut une grande émotion que de nous retrouver, car mon père est venu de suite avec Évelyne. Après un moment nous sommes partis à deux, avec mon père à la maison. Cela après quatre années de séparation, et sans nouvelles, puisqu'il n'était pas possible de faire parvenir une lettre d'un côté à l'autre du champ de bataille. Le soir, je suis retourné chez les demoiselles Danjou et avec Adrienne nous décidons de nous fiancer. Je lui avais fait part de cette intention avant de partir le lendemain pour la guerre. Après quatre jours passés à Caudry, je me décidais à repartir dès que possible à Paris. Mais, pas de train de voyageurs, j'ai pu avoir encore un train de marchandises et rentrer à la Pitié. Le 9 octobre 1918, nommé Lieutenant et, suite à une nouvelle visite, déclaré inapte à l'Infanterie, mis à la disposition du Ministre qui me nomme Lieutenant contrôleur local de la main-d'oeuvre à Paris. Note de service : Ordonné de se rendre de jour et de nuit dans les usines employant de la main-d'oeuvre militaire. Le 2 mai 1919, le Lieutenant Leclercq Léopold se marie à Caudry avec Mademoiselle Danjou Adrienne, professeur de piano. Démobilisé le 28 octobre 1919, et nommé Chef du district des Régions Libérées à Caudry, pour le canton de (?) (remise en état des dégâts causés par l'ennemi). Il n'était plus possible de faire des dessins de dentelles car les Allemands, avant de partir, avaient cassé les métiers de dentelle. || Fichier à télécharger : Léopold Leclercq mémoires.pdf (50 pages, taille 24,4 MO) : https://www.dropbox.com/s/un9xcdgj8syn983/%20L%C3%A9opold%20Leclercq%20m%C3%A9moires.pdf?dl=0

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FRAD077-089 | Les mémoires de guerre de Marcel Métier | 1914-1918

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Le grand père de madame Jocelyne Marchand, Fernand, dit Marcel Métier, a écrit ses mémoires de guerre sous l'intitulé Récit d'un Poilu 1914-1918. Il a servi au 31e régiment d'infanterie stationné à Melun en Seine-et-Marne. || Extraits de l'ouvrage Mémoires de Guerre, récit d'un Poilu (1914-1918) pages 35, 36 et 38.

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01 Carnet de mémoires de André Legrand 1914-1918

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Carnet de mémoires de André Legrand, zouave 2e classe, 4e régiment de zouaves, termine le conflit dans le 4e régiment de tirailleurs.

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