FRAD071-082 Etats d’âme d’Henri LORTON | un poilu en souffrance.
Récit de Laëtitia SAULNIER sur Henri LORTON, cultivateur originaire de Chassigny-sous-Dun, Mort pour la France le 10 mai 1915 à La Targette (Nord-Pas-de-Calais) après avoir été blessé par éclat d’obus à la tête. Les 22 lettres écrites par Henri à sa sœur Valentine (20 ans) entre août 1914 et mai 1915 et les 2 photographies d’Henri en zouave apportées aux Archives départementales de Saône-et-Loire pour numérisation sont entrées en possession de la famille SAULNIER suite à l’achat d’une maison. Bien que n’ayant pas de lien de parenté avec lui, la famille SAULNIER souhaite partager, transmettre, valoriser la mémoire de cet homme qui se sentait incompris (décalage entre le front et l’arrière) et même oublié des siens (Henri signe sa lettre du 18/04/1915 « Ton frère oublié »). Fait notable, dans ses correspondances, Henri a exprimé sans détour l’absurdité de sa vie, ses souffrances physiques, son mal être profond (déclin perceptible à partir de novembre 1914), son envie d’en finir au mieux par une bonne blessure qui l’éloignerait du front ou plus radicalement par la mort à laquelle il sent qu’il ne pourra échapper. Successivement affecté au 3ème puis 8ème régiment de marche de zouaves, Henri LORTON a participé à de dures campagnes en Belgique (janvier-février 1915), en Champagne (début avril 1915) et dans le Nord-Pas-de-Calais (fin avril-début mai 1915). On signalera également que le fonds comporte 8 documents postérieurs au décès d’Henri LORTON dont 7 correspondances relatives à des échanges entre un camarade d’Henri et sa famille.
CONTRIBUTOR
Archives départementales de Saône-et-Loire 1
DATE
1914 - 1915
LANGUAGE
fra
ITEMS
1
INSTITUTION
Europeana 1914-1918
PROGRESS
METADATA
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5 photos noir en blanc. || Mon grand-père, Marcel Bugaud, est né le 6 janvier 1889 à Paris (XVIIIe). Il est déclaré bon pour le service armé au printemps 1911. Il avait passé le conseil de révision en 1910, où il avait alors été ajourné. Il fait deux ans de service militaire, d’abord dans le 132ème de ligne, à Verdun, jusqu'en octobre 1911. En janvier 1912, il est passé caporal ; il a alors suivi le peloton de préparation des O.R. à Reims. Fin avril 1911, il est nommé sous-lieutenant et affecté au 43ème régiment d’infanterie, à Lille, où il reste jusqu’en novembre 1913. C'est la fin de son service militaire. Il rejoint son régiment lors de la mobilisation, et est envoyé sur le front en février 1915. Il a été au moins jusqu’en septembre 1916 dans la Somme, puis il a été envoyé au Chemin des Dames où il est blessé en avril 1917 : il a attrapé à la main une grenade qui menaçait d’exploser sur son peloton, et il eut des doigts arrachés. Il est renvoyé sur le front en octobre 1917, dans les Flandres. En juin 1918, il part de Bordeaux pour les USA comme instructeur des officiers américains. Il y reste jusqu’en janvier 1919, moment de sa démobilisation. Mon arrière grand-père était boulanger dans le civil. Il est monté à Paris à la fin du XIXème, et il a travaillé dans plusieurs boulangeries avant d’acquérir sa boutique. Il avait un esprit très inventif, et de boulanger il est devenu fabricant de pétrin mécanique. Ses deux fils (Marcel, et son petit frère Charles), travaillaient avec lui, non loin de Meaux (77), à Saint- Germain sur Morin : mon grand-père comme commercial et son frère comme ingénieur technique (les deux ont été blessés pendant la guerre, mais en sont revenus !). Aux Etats-Unis mon grand-père a découvert une nouvelle dimension industrielle, une ouverture vers un autre monde. A son retour, il a essayé d’introduire des méthodes américaines. J’ai retrouvé ces photos dans les affaires de ma grand-mère, Raymonde Conche. Je l'ai connue mais elle parlait peu de cette période. Elle s’était mariée en 1917 lors d’une permission de mon grand-père. Ce dont elle parlait vraiment c’est de la naissance de mon oncle, en mai 1918, sous les bombardements dans le XIIIème arrondissement de Paris, rue Bobillot. Mon grand-père parlait beaucoup de la guerre et des tranchées. Il lui manquait des doigts et donc cela intriguait et on lui posait des questions ! A l’inverse, mon autre grand-père, qui avait été grièvement blessé au front, n’en parlait jamais.
du 16 mars 1915 d’Henri LORTON à sa sœur Valentine.
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Extrait « Chère Valentine, je fais réponsse a ta lettre que je viens de recevoirs, et ou tu me dit qu’il y a que moi qui me plaind et bien je te le repette encore que j’en ai assez de cette vie de malheur cette vie de tôpe, de Bohémiens, et je pensse qu’elle finira bientôt car si elle fini pas, je la ferai finir moi ; parce qu’il y a trop longtemps, que j’en ai mare de souffir et je m’occupe pas des autres s’est facile de causer ) l’arrière et puis ne me parle plus de la guerre, car moi j’en entend pas parler, je la voie et elle me fait souffrir. » En annexe à la lettre « Je te tiens qu’après ma mort le reste de mes économies soient partagées entre mes frères et sœurs. Fait le 16 mars 1915. Lorton Henri »