Marguerite Malègue a hérité des papiers de son père, Pierre Decros. Pierre Decros est le fils d'un professeur de l'Ecole de commerce de la ville de Paris et d'une institutrice. Son père le pousse à effectuer des séjours linguistiques en Allemagne durant ses années de lycée. Sorti de l'Ecole Polytechnique (promotion 1911), il est lieutenant au déclenchement du conflit et capitaine en 1918. Durant la Première Guerre, il sert dans les 62e, 63e et 66e régiments d'artillerie, basés dans la région de Château-Thierry. Il sert sur une batterie de DCA (notamment, sur la côte 166 et au Chemin des Dames). Il est gazé au combat. Durant toute la guerre, il prend des clichés photographiques qu'il légende très précisément. Deux semaines avant la fin du conflit, il est retiré du front afin d'enrayer l'hémorragie dans les rangs des polytechniciens. La France doit conserver des élites pour la reconstruction. Vers 1919, il est nommé à la commission de contrôle à Berlin, chargé d'identifier les stocks de munitions, les armes et les aéronefs dissimulés par les Allemands. Sa connaissance de la langue constitue un atout. Au cours de ce séjour, il s'est déplacé dans toutes les villes du pays, notamment dans les docks de Hambourg. Il est resté très discret sur ses activités de renseignement durant son séjour en Allemagne. De retour en France(vers 1922-1923), il intègre le corps des ingénieurs de l'aéronautique nouvellement créé, où il va faire sa carrière. Il crée la soufflerie d'Issy-les-Moulineaux. Il est affecté comme ingénieur au service technique de l'aéronautique et il enseigne à l'école d'aéronautique. Il participe au deuxième conflit mondial, en tant que colonel. Il finit sa carrière comme général de division, directeur du service technique de l'aéronautique. Il meurt en 1961. Il évoque régulièrement la guerre avec sa fille et l'emmène vers l'âge de huit ans (au début des années 1930) visiter les champs de bataille.
Une liste des morts au champs d'honneur de la promotion 1911 de l'Ecole polytechnique, établie en 1919. Trois photos du front. Une photo prise devant le Reichstag (immédiate après-guerre).