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Le Départ (6 août)

Dans ces pages, Louis Pinsonneau raconte le départ de Rochefort le jeudi 6 août 1914 : Réveil à minuit et rassemblement....il est environ 3 heures quand nous sortons R. Victor Hugo. L'ambiance est à la tristesse et aux adieux ...nous nous acheminons non sans émotion vers la gare où le train qui doit nous emmener à la victoire et peut-être à la mort nous attend. Sur les quais, des femmes tout en blanc, le brassard de la Croix-rouge au bras, circulent - contraste de la brutalité et de la douceur - distribuant des cigarettes et prodiguant des paroles d'encouragement. Louis Pinsonneau cite ensuite les noms des gares qu'ils vont traverser : Niort ..tout le monde descend sur le quai..., Parthenay ..des jeunes filles apportent des gerbes de fleurs à travers les barrières.., Loudun ..toujours des fleurs.. le train en est tout orné.. Le voyage continue ainsi de ville en ville.

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Archives départementales de la Charente-Maritime

DATE

1914-08-06

LANGUAGE

fra

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1

INSTITUTION

Europeana 1914-1918

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Source

Unknown
UGC

Contributor

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Date

1914-08-06

Type

Diary

Language

fra
Français

Country

Europe

DataProvider

Europeana 1914-1918

Provider

Europeana 1914-1918

DatasetName

2020601_Ag_ErsterWeltkrieg_EU

Begin

1914-08-06

End

1914-08-06

Language

mul

Agent

Louis Pinsonneau | europeana19141918:agent/038abc1e0fd9c76c1a13694c333e4f91
Archives départementales de la Charente-Maritime | europeana19141918:agent/185418a21624995fd7762eb2040e9968

Medium

Paper

Created

2019-09-11T08:36:42.914Z
2020-02-25T08:32:08.884Z
2020-02-25T08:32:08.885Z
2014-02-18 13:56:54 UTC

Provenance

INTERNET

Record ID

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7 Aout 1914 | départ pour le front

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Dreux 10h du soir Mon cher papa Alfred Ma chère petite maman Mon cher Henri Mes préparatifs sont terminés : nous partons demain Dimanche pour une destination inconnue, le premier bataillon embarque à 4 heures du matin, le second dont je fait partie à 6h29.J’ai tout lieu de croire que ma division, la 54éme, va être incorporée à l’Armée du Nord. Est ce que nous nous rendrons sur la frontière de Belgique ou du Luxembourg: les officiers ont en effet reçu des cartes d’état major de la région de Mézières, de Strasbourg, de Mayence et de Mulhouse ; D’autre part j’ai quelques renseignements du vaguemestre qui doit diriger la correspondance vers les emplacements respectifs des Corps d’Armée. Avant de quitter Dreux pour entrer dans l’inconnu, je veux vous dire, mes bons aimés, un au revoir sinon un adieu. Ne croyez pas que je sois désespéré : j’envisage au contraire l’avenir avec beaucoup de calme, avec un calme stoïque digne de celui qu’a montré Georgette au moment terrible de la séparation cruellement indicible, il faut le regarder ainsi, bien qu’il soit sombre, parce qu’il est sombre, car notre cause est juste et la victoire nous est assurée. Certes le départ fut dur, mon pauvre père que je n’avais jamais vu pleurer sanglotait éperdument dans mes bras, secoué de spasmes nerveux ; ma mère m’étreignant dans le jardin sans voix et ses larmes, ma femme, ma pauvre et douce et chère femme, ah non, jamais je n’ai vécu des heures aussi horribles, jamais, même au moment suprême ! Vous dirai je que j’ai mis 24h pour aller de Tours à Dreux, que j’ai passé une nuit sur une botte de paille dans la salle d’attente de la gare de Chartres, que le 101éme a eu Jeudi un départ touchant. Alors que durant le défilé du régiment vers la gare, les officiers du 301 restant deux jours encore, embrassaient les camarades partant au feu, que j’emporte sur moi, dans ma cantine et mon étui de revolver, plus de 200 cartouches et que, je vous le jure, j’en ferai bon usage ? Moments inoubliables ou un homme de 55 ans s’engage au 1er Cuirassiers aux côtés de son fils, ou un vieillard de 60 ans déjà, réclame un escadron dans les dragons et l’obtient, ou des hommes mariés pères de 4 enfants et devant rester au dépôt, demandent à partir et s’enrôlent dans nos compagnies, moments inoubliables aussi par la couardise de ceux qui pleurent, j’en ai vu, pour ne pas aller se faire trouer la peau sous le feu des Prussiens !! Lundi 9 Août, 5 heures du soir : Mon régiment a débarqué à 5 heures à Charny, chef lieu de canton, un peu au Nord de Verdun et cantonne actuellement dans un village lorrain de la Meuse, à Ornes, un peu à l’Ouest d’Etain, à 30km de la frontière du Luxembourg et de la frontière allemande ; on dit, mais c’est un on dit, que nous avons devant nous le 6éme Corps de Couverture et le 4éme, auquel j’appartiens et dont nous formons les réserves. Quoiqu’il en soit nous ne savons rien de précis et c’est juste puisque la concentration reste secrète. Le canon s’entend très bien d’ici ! tout marche relativement bien, les troupes ont du mordant, elles débordent même parfois leurs officiers qui, plus circonspects, veulent les retenir…mais le grand coup de chien n’est pas encore donné. Ce matin une batterie allemande s’est rendue sans tirer un coup de canon, le fait a été annoncé par un commandant d’Etat Major venant du théâtre des opérations et allant vers Verdun. On cite ici chez les habitants, vrais Lorrains à l’accent très, très lorrain une aventure très drôle, 3 chasseurs français en reconnaissance s’arrêtent à la lisière d’un bois qu’ils traversaient ; ils aperçoivent une douzaine de Uhlans, ils mettent pied à terre, et, dissimulés, font un feu coup par coup qui abat quatre adversaires ; ceux ci croyant avoir à faire à de l’infanterie, descendent de cheval pour s’égailler en tirailleurs, nos chasseurs se remettent alors en selle et chargent, dispersant ou tuant le reste de la troupe. Pour mon compte personnel, si j’entre en territoire allemand, mon rôle est tout trouvé : je suis destiné aux postes d’examen, aux avants postes, aux reconnaissances. Georgette restera à Montrichard, chez mes parents, ou plus exactement à la ferme de la Charmoise avec eux, chez une tante dont le mari a rejoint ! elle y sera très bien. Ce fut mon désir : j’aime mieux la savoir loin du théâtre des opérations, dans un pays moins surexcité que dans l’Est, sans aucun besoin, même d’argent : j’ai fait à mes parents et à elle, c’est à dire au groupe de trois personnes, la délégation de la moitié de ma solde de campagne : je n’ai pas besoin de beaucoup d’argent puisque les officiers touchent les mêmes vivres que la troupe ; au reste, nous avons acheté pour la compagnie pour 120 frs de conserves (nous avons un cuisinier, charcutier de métier). Mes bien chers, écrivez moi, en franchise postale, aussi souvent que vous le pourrez, à l’adresse suivante :M. Camille Galloux Lieutenant au 30éme régiment d’infanterie 22 Cie, 107éme Brigade 54éme Division, 4éme Corps d’Armée. Pour moi je le ferai chaque fois que la fatigue et les loisirs me le permettront. Je vous envoie mes doux baisers, mes très chéris, les baisers de celui qui voudrait bien revivre ces deux ans de félicité et en sent maintenant tout le véritable prix. Au revoir, quand même, Camille || Lettre de Camille, jeune marié, à sa belle famille

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