Léon Trulin - Patriote fusillé par les autorités militaires allemandes
Léon Trulin est né à Ath, en Belgique le 2 juin 1897. Il était l’avant-dernier d’une famille qui comptait huit enfants. Son père était plombier-zingueur, sa mère ouvrière en fourrure. À la mort de son père, âgé de 43 ans, la famille quitta sa ville natale pour s'installer à la Madeleine, puis Lille. Élevé dans le catholicisme, Léon fréquenta cependant les écoles laïques (Victor Hugo à La Madeleine et Monge à Lille). En juin 1910, pour aider sa famille à surmonter sa misère, il est engagé comme apprenti dans une usine de pelleterie et de fourrures.
Il est blessé dans un accident de travail. Durant sa longue convalescence (8 mois), il lit énormément et acquiert une culture rare pour un ouvrier de l'époque.
À sa guérison, il trouve du travail dans une usine de métallisation. Le soir, il suit des cours de dactylographie et s'inscrit à l'école des Beaux-Arts. Il devient employé. Le 31 juillet 1914, la guerre éclate. En juin 1915, Léon Trulin gagne l'Angleterre pour s'engager dans l'armée belge qui refuse ses services en raison de son aspect maladif. Il accepte alors des missions de renseignements et se rend plusieurs fois dans le Nord de la France. Avec son ami Raymond Derain, il crée le système Noël Lurtin (anagramme de son nom) ou Léon 143. D'Ath à Bruxelles, d'Anvers à la frontière hollandaise, ils glanent de précieux renseignements. Mais la police allemande va les arrêter au passage de la frontière belgo-hollandaise.
Le 3 octobre 1915, Raymond et Léon, venant d'Anvers, se dirigent vers Putten, en Hollande. En traversant des fils barbelés et électrifiés, ils sont arrêtés par une patrouille allemande. Ils sont conduits à la prison des Béguines à Anvers. Léon occupe la cellule 176, du 4 au 12 octobre 1915. Le 12 octobre au soir, il est transféré à la Citadelle de Lille. Il y retrouve ses compagnons de résistance. Le 5 novembre 1915, au terme d'une audience sommaire, dans la salle du Tribunal militaire allemand, installé dans les bureaux du journal La Dépêche, rue Nationale, le verdict fut rendu : Léon Trulin, Marcel Gotti et Raymond Derain sont condamnés à mort et perdent leurs droits civiques à perpétuité. Lucien Dewalf, Marcel Lemaire et André Hermann écopent de quinze ans de prison et cinq ans de perte des droits civiques. Marcel Denèque est acquitté. La sentence est soumise, deux jours plus tard, au maître tout puissant de la ville de Lille, le général von Heinrich (« Gouverneur de Lille »), qui entérine la mise à mort de Trulin (18 ans), sans qu'aucun recours en grâce ne puisse être effectué, commue les peines de mort de Derain (18 ans) et de Marcel Gotti (15 ans) en travaux forcés à perpétuité, maintient les 15 ans de réclusion de Lucien Deswaf (18 ans), de Marcel Lemaire (17 ans) et d'André Hermann (17 ans), en leur ôtant, toutefois, la perte
du droit civique, et l'acquittement de Marcel Denèque (17 ans).
Quand on lui a signifié le jugement, Léon Trulin a dit simplement: « J'ai fait ça pour ma patrie ». Puis, il a écrit sur son petit carnet : « Le 7 novembre 1915, à 4 h10, heure française, reçu arrêt de mort vers 3 h 1/4 ».
Et au-dessous ces lignes : « Je meurs pour la patrie et sans regret. Simplement je suis fort triste pour ma chère mère et mes frères et soeurs qui subissent le sort sans en être coupables ». Le 8 novembre, dans les fossés de la Citadelle, le jeune Trulin est fusillé.
La lettre que Léon Trulin écrit à sa mère, le 7 novembre.
CONTRIBUTOR
Julie Noyon
DATE
1915-06 - 1915-11-08
LANGUAGE
fra
ITEMS
1
INSTITUTION
Europeana 1914-1918
PROGRESS
METADATA
Discover Similar Stories
Les Atrocités allemandes
1 Item
Les Atrocités allemandes, rapport officiel présenté au président du Conseil le 7 janvier 1915.
Les Atrocités allemandes
1 Item
Les Atrocités allemandes, rapport officiel présenté au président du Conseil le 7 janvier 1915.
Lettre d'Edouard CASTEL aux autorités militaires | 12 septembre 1916
2 Items
Lettre d'Edouard CASTEL aux autorités militaires, 12 septembre 1916