FRAN-PA-089 Ravitaillement
Lors de la Première Guerre mondiale et dans les années qui ont suivi, le ravitaillement en denrées de première nécessité a dû être réglementé pour faire face aux pénuries.
Cartes de ravitaillement et tickets de rationnement.
Carnet de sucre
Official document
Ravitaillement
Carnet de pain
Tickets de pain
Carte individuelle d'alimentation - Sucre
Carte de charbon
CONTRIBUTOR
Hélène CAPDEBARTHES
DATE
1914 - 1920
LANGUAGE
fra
ITEMS
9
INSTITUTION
Europeana 1914-1918
PROGRESS
METADATA
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Soldat affecté au ravitaillement
1 Item
Mon arrière grand père ( à droite sur la photo ) originaire de Bretagne (Ploujean) qui a participé au ravitaillement des troupes pendant toute la guerre. A noter les sabots de bois portés par la personne sur la gauche. || || Remembrance || Photograph
FRBNFM-081 Adrien-Germain Provaux | soldat sur les lignes arrière au ravitaillement
5 Items
Adrien-Germain Provaux, père de quatre enfants, était cultivateur à Gombergean, dans le Loir-et-Cher. Il a été affecté au ravitaillement, sur les lignes arrière, dans le Nord. En raison de sa situation de père de famille, il conduisait un cheval et ramassait les blessés. Il s'est trouvé malgré tout parfois assez proche du front. Peu instruit, il écrit presque quotiennement dans un carnet, d'une écriture très lisible. Il y note l'argent reçu de sa famille et les lettres de son épouse. || Carnet de guerre de Adrien-Germain Provaux, qui raconte la guerre, note l'argent reçu de sa famille et les lettres de son épouse, note des noms de villes, de commandants...
FRAD071-137 Raymond CHALUMET | au service de l’intendance | chargé du ravitaillement et de la cantine des soldats
1 Item
Correspondance || M. Marcel Payebien, gendre de Raymond Chalumet et en possession de ses « lettres de guerre » écrites à sa bien-aimée, les a confiées à Mme Nicole Richard pour qu’elle puisse dans le cadre de sa mission de collecte de témoignages au sein de l’association Mémoires en Mâconnais rédiger un récit de vie sur Raymond Chalumet pendant la première guerre mondiale. Alors au service de l’Intendance, Raymond Chalumet relate de nombreux détails sur l’organisation, le prix des denrées, les conditions de vie des soldats, liés à son travail de ravitaillement. Vous trouverez ci-après in-extenso ce récit accompagné d'un résumé de certaines lettres : Souvenirs épistolaires d’un poilu de 1914-1918 Raymond Chalumet -souvenirs collectés par Nicole Richard- Raymond Chalumet né à Saint-Victor-sur-Rhins (Loire) a été mobilisé en 1914 après 3 années de service militaire chez les chasseurs alpins. Ayant eu un grave accident lors de son service, il a dû demander à être mobilisé avec ses camarades, mais pour cette raison, il n’est jamais allé dans les tranchées. Il est parti comme brancardier, puis très vite, il a été chargé de l’intendance d’une zone. Par voie de conséquence, il n’a eu ni la croix de guerre, ni la retraite d’ancien combattant. Presque tous les jours, il écrivait à Cours (Rhône) à sa bien-aimée, Marguerite Bodet. Elle travaillait avec sa mère, épicière rue de Charlieu, elles vendaient de tout, de l’alimentation, de la mercerie, des produits de nettoyage, des wassingues, des graines, du charbon de bois… Pour correspondre, il écrivait sur du papier à lettres, sur des cartes-correspondance (feuilles pliées en deux et collées sur 3 cotés), sur des cartes postales illustrant souvent des couples formés d’un soldat et d’une jeune femme. Dans toutes ses missives, écrites au crayon de papier pour la plupart, pendant près de cinq ans, et jusqu’à sa démobilisation quelques semaines avant leur mariage, il a vouvoyé sa tendre amie. Très vite, il a été affecté au service de l’intendance, il était chargé du ravitaillement et de la cantine des soldats. Selon les cantonnements, la période, le nombre d’hommes, l’organisation de son travail variait. Muni d’un laissez-passer de son capitaine, il allait aux achats pour l’ordinaire et devait discuter les prix des denrées dans les villages. Un fourgon, ou une voiture tirée par deux mulets lui permettait de rapporter les provisions au cantonnement. Le tour des villages lui permettait de s’approvisionner en pommes de terre (achetées par 100kg), en haricots, carottes, oignons, et pommes. 21-10-1915 : Son capitaine voulait qu’il donne à ses 223 hommes deux desserts par semaine. Il distribuait les denrées crues ou cuites, par section de 26 ou 27 hommes qui font leur cuisine, et essayait de faire de la marmelade dans sa cuisine roulante. 24-10-1915 : « Hier, je suis allé dans un autre village, et là, j’ai trouvé des pommes de terre à 12 F les 100 kg, des haricots à 18 F et 10 F, des carottes à 25 F, des oignons à 28 et 30F, des pommes à manger à 12 F et du très bon cidre à 20 F l’hectolitre ; dernièrement j’ai été obligé de payer 145 F une barrique de vin de 225 l, depuis, j’en ai trouvé à 125 F. Certaines denrées manquent presque totalement comme le beurre, le gruyère, les œufs. Il est vrai qu’il y a beaucoup plus de monde qu’à l’ordinaire». « Une fermière s’est mise à laver pour les militaires, elle prend 0,30 pour une chemise, 0,25 par flanelle, 0,10 pour les chaussettes… ». Il est chargé de distribuer des vivres aux brancardiers qui partent pour 4 jours à leur poste de secours. 09-12-1915 : Depuis ce jour, le service est modifié, il doit nourrir tous les hommes ensemble, un réfectoire a été installé dans une remise sur des tables de plâtrier. « La soupe sera toujours faite dans la cuisine roulante, les légumes et les rôtis seront préparés sur des foyers montés en terre et en briques, au dessus desquels on a fait mettre des tôles percées d’ouvertures destinées à recevoir des marmites ». 10-03-1916 : Il préparait les vivres pour les détachements qui partaient pour 10 jours, sauf le pain, le vin, et la viande qui leur étaient envoyés tous les deux jours. Ceux qui recevaient, comme lui, des colis de temps en temps pouvaient un peu améliorer l’ordinaire, et ils avaient du plaisir à partager l’envoi avec des camarades pour créer des moments chaleureux. Des hommes, partant faire des livraisons de médicaments ou de matériels, recevaient un repas froid. Une section de 20 ou 25 hommes emportaient de quoi faire la « popote », lorsqu’elle partait pour désinfecter les cantonnements dans un village voisin. Un cabinet dentaire installé dans une ambulance permettait de répondre aux besoins. Les vaccinations se succèdent pour éviter des problèmes liés aux conditions : Raymond a eu au moins 6 vaccins anti-typhoïdiques et deux vaccins anti-varioliques. Pendant les moments de liberté, il était impossible d’aller au café avec des camarades, car il est interdit dans tous les villages de servir des militaires à table, il regrette de ne pas pouvoir s’offrir un diner à l’hôtel de temps en temps. Les soldats ne restent pas longtemps dans le même cantonnement, les déplacements à pied prennent du temps, et ils ne parcourent que quelques kms par jour avec tout leur paquetage, matériel de cuisine, et de couchage, même sommaire. Chaque fois, il faut réinstaller la cuisine, le magasin, le couchage. L’installation est variable selon les campements, ils logent dans des greniers, dans des caves, dans des granges, le couchage est selon, dans un « coffre à farine », dans de la paille, un hamac… 22-01-1917. Nouvelle installation : « Après trois jours, j’ai terminé ce soir de planter les derniers clous au dernier rayon, car je dois dire qu’en l’absence de planches pour faire un rayonnage, j’emploie des morceaux de planches provenant de vieilles caisses que je récupère ; enfin, mon chocolat, mes camemberts, mes boîtes de marmelade, le gruyère, tout est en place…tout est comme dans une petite épicerie…et en dernier lieu, dans des caisses, deux jours de vivres pour 250 hommes pour le cas ou pour une raison quelconque, le ravitaillement viendrait à ne pas pouvoir arriver pendant 2 ou 3 jours ; dans nos sacs, nous avons tous pour 2 jours de vivres ». 26-11-1915 : Sur le plateau, pas très loin, sont disposées des batteries, un observatoire est installé dans un chêne sous lequel est dissimulé un canon. Il a demandé à visiter le petit poste de téléphone, placé sous terre, « ce poste n’est pas trop large, juste pour y tenir 3 ou 4 personnes debout, grand comme deux placards de cuisine, un hamac fait de toile d’emballage dans lequel on a mis un peu de paille, sert de lit à l’homme de garde aux appareils téléphoniques qui communiquent avec cinq ou six autres postes antiaériens, ou des batteries ». A l’arrière du front, Raymond entend l’éclatement des torpilles aériennes qui fait trembler la maison, malheur à celui qui est proche ; les grenades, les coups de fusil, les mitrailleuses résonnent de façon lugubre dans la nuit, c’est effrayant, mais au clair de lune, il a un peu moins peur. Il plaint les fantassins et les soldats dans l’infanterie dans les tranchées, car il les sait très exposés, et avec des conditions quotidiennes dures. 23-01-1916 : « Là-bas au pays, vous ne pouvez pas vous imaginer ce que sont les tranchées en ce moment ; la chose la plus dure pour le fantassin en cette saison, c’est la pluie et la boue, le danger ne compte pas pour eux, ceci m’est dit chaque jour par ceux des régiments qui sont cantonnés avec nous. Au moment d’un fort bombardement, ceux qui ne sont pas de faction dans les postes d’observation se mettent à l’abri dans des souterrains, et là, ils attendent une accalmie, il est rare que des soldats soient tués en prenant toutes les précautions qui sont ordonnées». Chaque soldat dans son ravin espère que l’obus tombera plus loin. 18-09-1917. « Les camarades se remplacent sur les lignes durant tant de jours, et lorsqu’ils en redescendent, ils en ont assez ». « Quand les tirs d’obus se font menaçants, l’ordre d’évacuer arrive, il faut se replier, et rapidement regrouper les vivres, tout ranger et déménager avec les camarades disponibles, souvent peu nombreux car certains sont partis en renfort sur le front, d’autres ont filé en vitesse pour s’éloigner du danger ». « La prudence est mère de sureté ». Parfois, Raymond aidait à évacuer les blessés. 10-09-1917 : il pensait « aux camarades tombés dans ce champ de misère que l’on appelle le champ d’honneur ». Le soir, avec des camarades, il joue parfois aux cartes ou au jeu de dames qu’il a acheté 13 F. Un tableau présentait le tour des permissions après chaque période de quatre mois de combat. La permission, attendue ardemment, durait de 7 à 10 jours. Le 29 octobre 1918, Raymond espérait la démobilisation pour le printemps prochain et rêvait de se marier avec Marguerite « à la saison des roses », ce qui se réalisera à l’église le 8 juin 1919. 11-11-1918 : Les allemands ont capitulé ! « Nous avons chanté en chœur une partie de la Marseillaise puis le refrain, il fallait entendre cela, la joie se lisait sur tous les visages, inutile de vous le dire, les cœurs débordaient d’allégresse ». Les soldats ne savaient pas quand ils seraient démobilisés, mais ils attendraient patiemment. A son retour, il rejoint Saint Victor sur Rhins, et entre à l’usine textile Passot comme VRP ; les dernières années, sa femme l’accompagne pour vendre des tissus. Poussé par le directeur, il prend sa retraite à 75 ans ! Il décède à 85 ans en 1968, sa femme lui survit jusqu’en 1977. La correspondance presque quotidienne, soigneusement conservée par Marguerite, nous a été aimablement confiée par le gendre de Raymond, monsieur Marcel Payebien. Marcel se souvient aussi d’un oncle qui habitait à Mercurey, et qui parlait beaucoup de cette difficile période. Il avait été mobilisé pendant des mois dans les tranchées ; il avait la dure tâche d’être « videur de tranchées », c'est-à-dire d’achever les blessés irrécupérables. Profondément traumatisé, il a gardé tout le reste de sa vie la hantise de cette guerre, et avait fixé chez lui, sur un panneau de 3 m2 environ, tous les objets récupérés dans cette tragédie : des révolvers allemands, un fusil allemand, des obus, poignards, casques… Après la lecture d’une partie de cette correspondance, il apparaît qu’au travers d’un quotidien sans confort et où la mort rôdait en permanence, les hommes ont vécu dans une grande solidarité, se recréant courageusement, dans les moins mauvaises conditions possibles, un petit univers de vie pour faire face à la grande incertitude du lendemain.