Prise d'armes

Petit carnet, assez endommagé, transcrit pour pouvoir le lire || Jour après jour, Jean-Pierre notait les faits de ses journées quand il le pouvait. De Paris à Nancy en passant par Reims, Epernay, Bar sur Aube, le régiemnt faisait souvent la route à pied, de nuit pour éviter la chaleur ou ne pas se faire repérer.

- Photo en haut à gauche : mon grand-père (croix) et d'autres poilus se reposent devant l'entrée d'une tranchée en fumant la pipe ou la cigarette. Photo prise en 1914 ou début 1915 car il portent des képis et non des casques. on remarquera les bandes molletières et les gros souliers. - Photo (découpée) au centre : autre moment de détente, un brin de toilette devant l'abreuvoir, mon grand-père dans le fond, mêmes dates. - Photo en bas à gauche : le même sur la plage à Cherbourg - Photo en haut à droite : il prend manifestement la pose pour le photographe en scrutant le ciel avec des jumelles (avion ennemi en vue ?) - Photo en bas à droite : conciliabule avec ses camarades à l'abri d'une haie de sapins || Mon grand-père paternel Charles Georges Richard PAUQUET, dit Georges Pauquet, était né en 1880 dans la Somme, près de Montdidier. Issu d'un milieu très modeste(quoique fils naturel du châtelain du village), il fit un apprentissage de vendeur dans un grand magasin parisien, puis devint représentant de commerce. Marié à 25 ans en 1905 à Marie Louise Baubillier (dont le frère, ingénieur thermicien, était l'un de ses amis) il s'installa successivement dans plusieurs villes. En 1914, il habitait Clermont-Ferrand où ma grand-mère avait pris un commerce de mercerie donnant sur la Place de Jaude ; le couple avait eu deux filles, alors âgées de 5 et 7 ans. Mon grand-père fut mobilisé et il participa à de nombreux combats dont la terrible bataille du Chemin des Dames en 1917. Lorsque débuta la bataille en avril 1917, ma grand-mère était enceinte de 7 mois, une grossesse conçue lors d'une permission mais hélas non désirée. Le 1er juin, elle accoucha d'un garçon (mon père décédé en 2004). La naissance eut lieu à Paris rue d'Alésia dans un appartement loué pour l'occasion car ma grand-père ne voulait accoucher d'un auvergnat. J'ignore si mon grand-père était présent ce jour-là, ou s'il dût attendre la permission suivante pour connaître son 3e enfant. Un enfant qui 21 ans plus tard fut à son tour mobilisé, puis fait prisonnier par les Allemands en 1940. Source de nouvelles angoisses pour la génération de ceux qui avaient cru que 14-18 serait la der des der. Mon grand-père est mort en 1960.