Photographie du caporal Paul Plé au camp de Sissonne en avril 1914 || Paul Eugène Plé est né le 7 avril 1890 à Paris dans le 11e arrondissement. Il était l’ainé d’une famille de 8 enfants. Elève brillant, très pieux, il partageait son temps entre ses livres et ses prières. Il se destinait à une carrière d’avocat et terminait ses études de droit lorsqu’il fut incorporé le 8 octobre 1913 au 148e Régiment d'Infanterie pour effectuer ses 3 années de service militaire actif. Nommé caporal le 21 février 1914 puis sergent le 31 juillet 1914, il fut mobilisé dans l'armée d'active dès le début de la première guerre mondiale. Le 9 août, peu de temps après que l'Empire allemand ait déclaré la guerre à la France, le 148e régiment d'infanterie venant de Givet dans les Ardennes se déploya sur Dinant en Belgique pour occuper la rive gauche de la Meuse. Le 15 août à 6h du matin, Dinant fut attaqué par l’artillerie allemande. Les combats furent intenses et meurtriers et Dinant tomba aux mains des Allemands le 23 août. Le 148e se replia alors sur Rocroi pour garder les ponts de la Meuse mais fut obligé de battre en retraite à partir du 25 août. C’est au cours d’une de ces batailles que le 148e régiment se trouva séparé en deux du fait de la violence des combats et Paul Plé fut déclaré « disparu » le 1er septembre 1914 lors de la prise des ponts sur l’Ailette. Il réapparut transféré au 147e Régiment d’Infanterie le 9 septembre 1914 pour compenser les pertes importantes subies par ce régiment et participa alors à la bataille de la Marne dans les secteurs de Favresse et Thiéblemont dans l’arrondissement de Vitry-le-François. Le 2 octobre, il fut témoin de l'accident dont fut victime le soldat Edmond Delbarre, pour lequel ce dernier fut traduit devant le Conseil de guerre. En effet, sur le rapport du lieutenant commandant sa compagnie, celui-ci était suspecté de mutilation volontaire suite à une blessure par coup de feu à l'avant-bras. Le témoignage de Paul Plé et de 2 autres camarades permit l'acquittement du soldat Delbarre. L’avance du régiment était spectaculaire mais dès le 15 septembre, les combats reprirent de plus belle en entrant dans l’Argonne dans la région de Vienne-le-Château. Cette région boisée, avec ses ravins profonds et encaissés rendait l’avancée difficile et les positions des 2 camps se figèrent alors dans des réseaux de tranchées. Les attaques succédaient aux attaques sous la menace de bombes de gros calibres et de mines meurtrières allemandes auxquelles les français répliquaient par l’utilisation de pétards de mélinite. C’est dans une de ces tranchées du bois de la Gruerie (les poilus l’appelaient « Bois de la tuerie » tant les combats y étaient meurtriers), au sud de Binarville, que le sergent Paul Plé fut ué à l'ennemi le 18 novembre 1914 à 8 heures du matin. Le JMO du 18 novembre fait état de 4 tués ce jour-là, donc une journée somme toute « normale ». Il fut inhumé dans un des cimetières provisoires du lieu-dit La Harazée. Les combats qui se déroulèrent par la suite ont détruits les cimetières existants si bien que sa sépulture n'a jamais été retrouvée. Sa dépouille se trouve probablement parmi les milliers de soldats inconnus inhumés dans les nécropoles nationales de l'Argonne. Il avait deux sœurs jumelles, Jeanine et Colette nées le 12 septembre 1914, 2 mois avant son décès, et la tradition familiale veut qu’on ne saura jamais s’il était au courant ou non de la naissance de ces nouveaux membres de sa famille. Références - Registre matricule classe 1910 - Archives Départementales de Paris - D4R 1593 - Journal des Marches et des Opérations du 147e régiment d’Infanterie - 26 N 695 - Journal des Marches et des Opérations du 148e régiment d’Infanterie - 26 N 696 - Le blog du 147è RI - http://147ri.canalblog.com

Citation à l'ordre du corps d'armée, 2 décembre 1914.

Photographie du grand-père d'Agnès GUILLOT, Maurice LANGLET.