Je suis doctorante en histoire moderne au C.E.S.R de Tours. Je fais des recherches sur l'histoire de ma famille. J'ai ainsi découvert chez ma grand-mère un obus signé par son père, Clément Demay, poilu originaire de l'Indre. Bien que les souvenirs de ma grand-mère fussent lointains, elle a retrouvé plusieurs effets personnels de celui-ci. Ces obus gravés, ces photos et ces témoignages me permettent de reconstituer son vécu de la guerre. Sur un carnet conservé par ma grand-mère et rédigé en 1977, mon arrière-grand-père, Clément Demay raconte l'histoire de sa vie. A l'âge de 17 ans, après avoir travaillé pour un boucher, il est incorporé dans le 29e régiment des dragons de Provins pour entamer son service militaire. Il entre par la suite au service d'un châtelain à Bénavent jusqu'au 2 août 1914, lorsque la mobilisation générale est décrétée en France. Il est alors envoyé à Paris pour huit jours dans un camp retranché afin de protéger la retaite du 7e régiment (pas de précisions). Puis il fait route en direction des Ponts de l'Isle Adam. Son régime se retrouve face aux allemands à la veille de l'offensive de la Marne. En 1915 commence pour lui la guerre des tranchées. Il travaille alors quelque temps avec le génie et participe à des travaux de démolition à la dynamite à Beuvrans (?). Une vingtaine d'hommes sont engloutis sous 20 m de terre suite à une explosion accidentelle. Ils sont enterrés sur place. A cette date, il rejoint un groupe cycliste, puis un régiment de cavalerie. Son régiment se retrouve à Seppois alors que les Allemands tentent une diversion: ces derniers se retrouvent finalement bloqués. A une date inconnue, il rejoint le 19e R.C.P de Châlons. En 1915, il arrive à la ferme de Navarin: son régiment y tente de faire barrage aux ennemis. Lorsqu'il commence à ouvrir sa seconde caisse de grenades, il est empoisonné au gaz. C'est là que s'arrête sa description de la guerre. Malheureusement, j'ignore ce qui s'est passé par la suite. Cependant, un vase conservé par G., la soeur aînée de ma grand-mère, porte l'inscription suivante Alsace L 1917 Seppois. Réalisé dans une douille d'obus, cet objet suggère donc qu'il s'est retrouvé sur le front de Seppois, près de la frontière suisse. Clément Demay, malgré ses blessures, a survécu à la guerre. Il s'est éteint bien des années plus tard après avoir laissé de nombreux témoignages de son passé de poilu. || - Clément Demay, Obus gravé de motifs floraux et signé « Demay », 1918, munition de 37 mm, modèle 1885, Parc d’artillerie de Paris lot 50, 1917. - Clément Demay ?, Briquet « Souvenir de Loos » réalisé dans une douille, 1915 (deuxième bataille de l’Artois), munition non identifiée. - Clément Demay, Vase à motif floral, s.d, douille de 75 mm, Parc d’artillerie de Paris, lot 87, 1918. - Anonyme, Portrait de Clément Demay, s.d, photographie, Le Blanc, possession de Solange Prot.

- Anonyme, Portrait de Clément Demay, s.d, photographie, Le Blanc, possession de Solange Prot. Sur cette photographie, mon arrière-grand-père, Clément Demay, prend la pose en uniforme de dragon probablement au tout début de la guerre. C'est l'un des rares témoignages de cette époque que ma famille tient encore de lui.

Livret de compte individuel de la Société de secours mutuels militaire du 160e RI.