FRAD034-194_Henri L'HUILLIER
Henri L'HUILLIER est le père de Béatrice L'Huillier épouse Benichou.
Il naît le 22 mars 1894 et meurt en juin 1974 à Lunéville (54). Son père est jardinier-maraîcher et sa mère, cuisinière. Le couple a sept enfants, mais tous n'ont pas survécu. Il s'agit d'une famille attachée à la terre, à son exploitation agricole. Après la Première Guerre mondiale, Henri L'HUILLIER a aussi exercé la profession de jardinier-maraîcher.
D'ailleurs, Henri L'Huillier n'a pas participé à la Seconde Guerre mondiale en tant que combattant, mais il a approvisionné les troupes en légumes et produits frais suite aux réquisitions de l'armée.
Henri L'Huillier est mobilisé à Lunéville (54) à 20 ans en 1914, dans le 2e bataillon de chasseurs à pied. Il fait toute la guerre sur le front. A plusieurs reprises, il est hospitalisé, -pour pneumonie, furoncles, problèmes respiratoires, diverses maladies -, et dès que cela va mieux, il repart au combat.
Il ne parle pas de la guerre à la maison, mais deux fois par an il reçoit ses copains de bataillon à Lunéville. L'été, ils passent une semaine ensemble, et ils se retrouvent le dernier dimanche d'août pour une commémoration au monuments du commandant De Cazeneuve à Rozelieure (54). C'est pour eux l'occasion de se raconter et de revivre leur Première Guerre mondiale, chacun dans leur section. Béatrice L'Huillier assiste à ces rencontres pendant toute sa jeunesse : ils pleurent tous, ils racontent des histoires dont elle n'a retenu que quelques-unes car elle est alors trop jeune.
Son père raconte qu'au cours d'un bombardement, alors que les obus et la mitraille fusent de partout et que les hommes se sauvent, que tout le monde courre dans tous les sens ou tombe fauché, il a vu un camarade courir devant lui, sans s'arrêter, malgré une grosse boule rouge dont la taille augmente à son pied : cette boule, c'est le sang qui jaillit de son pied arraché par un éclat d'obus s'agglutinant à la neige du sol.
Henri L'Huillier raconte aussi un fait d'armes pour lequel il a obtenu une citation. Alors que le commandant est mort dans l'attaque, il prend le commandement des quelques hommes survivants en tant que sergent. Ils réussissent à faire prisonnier un groupe d'Allemands réfugiés dans un trou d'obus. Ils les entendent chuchoter, et réussissent à les approcher et à les encercler sans qu'ils les voient arriver en s'aidant de l'ombre portée, car c'est un jour de soleil.
Il raconte aussi que leur capote tient debout toute seule tellement elle est lourde de crasse et de boue. Elle forme une gangue, une armure autour d'eux. Ils sont tous de la couleur de la terre.
Béatrice L'Huillier en garde l'image de vieux messieurs qui ont vécu un enfer, mais avec dignité et beaucoup d'honneur ; des gens pour qui le patriotisme a un sens, la France a une image. Ils se racontent beaucoup d'histoires, des actions dont ils peuvent être fiers, même s'il est certain que des faits peu louables ont dû aussi exister.
Elle a l'idée d'une grande pudeur qui les amène à ne parler de la guerre qu'entre eux. Pour elle, ils ont vécu des choses tellement épouvantables qu'ils sont plus que des frères, ils forment un grand corps avec plusieurs membres. Ils se rappellent tous les noms de leurs copains, leurs parcours, d'où ils viennent, les blessures, les noms de tous ceux qui sont morts.
Elle a l'impression qu'il y a en eux une grande douleur car eux sont revenus, mais pas leurs amis.
Parmi les participants à ces repas, il y a notamment messieurs Marion, Weltz, Mittouard, Jeanson, et d'autres dont elle ne se souvient plus des noms.
Un autre événement montre pour Béatrice L'Huillier la dignité et l'honneur de ces hommes : après la guerre, Henri L'Huillier est membre du conseil municipal de Lunéville. A cette époque, le maréchal Pétain fait l'admiration. Et au cours de la Seconde Guerre mondiale, lors d'une séance, le conseil municipal se range sous le maréchal, sous Vichy. Son père s'est alors levé, a jeté son insigne de conseiller municipal sur la table, a tourné le dos à tout le conseil et en sortant, s'est essuyé sur le paillasson en disant : Le maréchal Pétain, je le mets sous ma semelle.\n
Béatrice L'Huillier est très intéressée par la Grande collecte : il est important pour elle de transmettre la mémoire. Elle regrette de ne pas avoir retenu davantage les histoires qui se sont racontées lors des rencontres entre son père et ses anciens camarades de combat.
Il s'agit du livret militaire, des ordres de citations d'Henri L'Huillier et de quelques photographies. Ce n'est pas un intellectuel, donc il n'y a pas beaucoup d'écrits de lui.
Ces documents, Béatrice L'Huillier les a toujours connu chez ses parents, même si quelques papiers se sont perdus dans des déménagements.
Dans les ordres de citation, il est question d'un sergent, brave et courageux.
Sur l'une des photographies montrant une cérémonie de commémoration, il y a un homme avec bandeau sur l’œil et une couronne de fleurs. Il s'agit de Monsieur Burguin. Cet homme a été très marqué par la guerre physiquement, -c'était une gueule cassée-, et psychologiquement.
Béatrice L'Huillier a lu ces documents à ses deux enfants, qui ont été très intéressés par l'histoire de leur grand-père.
CONTRIBUTOR
Béatrice L'HUILLIER épouse BENICHOU
DATE
1914 - 1974
LANGUAGE
fra
ITEMS
1
INSTITUTION
Europeana 1914-1918
PROGRESS
METADATA
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