Le conseil d'un oncle | pour affranchir la France de la chimie boche
Carte postale Les écoles d'Annebecq (1912).
Carte postale illustrant l'Entente Cordiale envoyée le 2 janvier 1915.
Lettre d'Alfred Wallée du 7 août 1918.
Lettre de Paul Marquet du 2 juillet 1918.
Photo Paul Marquet (tête nue à droite)à Meknès au 13eme Bataillon de Tirailleurs Sénégalais (photo envoyée le 9 octobre 1919).
Le conseil d'un oncle à son neveu : la chimie industrielle sera la branche la plus recherchée pour affranchir la France de la chimie boche.
Jamais, nous ne serons suffisamment reconnaissants à l'égard de tous ces dévoués enseignants radicaux de la IIIe République, tels que ce principal du Collège de Vire durant la guerre.
Mon père Daniel Urbain (1903 – 1977) fut le premier élève de la petite commune d'Annebecq dans le Calvados à réussir son certificat d'études primaires. Ce fut un événement local. C'était en juillet 1915.
Le principal du Collège de Vire (et de « l’École Primaire Supérieure de Garçons Annexée » située dans la basse cour du collège d'où le sobriquet « Basse-Cour » désignant l'établissement à cette époque !) sillonnait alors méthodiquement les campagnes environnantes en voiture à cheval afin de tenter d'obtenir des parents agriculteurs et artisans locaux de chacun des petits lauréats que ceux-ci poursuivent leurs études à Vire. Comment concevoir aujourd'hui les considérables obstacles sociaux, culturels et financiers à surmonter pour déplacer les montagnes, autrement dit, abattre les réticences des gens de la campagne vis-à-vis de ceux de la ville ? Si les Annebecquois « montaient » à Vire une fois l'an, c'était le bout du monde... Mes grands-parents surent heureusement se laisser convaincre. Daniel gagna Vire, passa son bac en 1922 « mention Sciences-langues vivantes-mathématiques », obtint sa licence de sciences et son diplôme d'ingénieur chimiste à Caen en 1924.
Ce fut au prix d'un douloureux déracinement culturel : « Tu es trop instruit pour nous, Daniel, tu n'es plus des nôtres » lui répétaient à l'envie les gens d'Annebecq lorsqu'il rentrait.
Pourquoi la chimie ? Une lettre de son oncle Alfred Wallée écrite du front en « Haute Alsace » le 7 août 1918 pesa lourd dans son orientation : « Je te recommande particulièrement toujours la chimie et de préférence la chimie industrielle, car après la guerre, ce sera la branche la plus recherchée pour permettre à l'élément français de subvenir à lui-même en se dispensant de l'appoint boche, et pour atteindre ce but, l’État subventionnera les industriels, qui, eux-mêmes, n'hésiteront pas à rémunérer largement les chimistes dont ils auront besoin. Économiquement, c'est la seule branche où le bloc interallié sera le plus privé (?), car les bôches (sic) fournissaient à eux seuls sur le globe la moitié des produits chimiques et la presque totalité des matières colorantes, voilà donc les parties les plus intéressantes pour ton avenir. »
Après un paragraphe sur les bienfaits de l'Entente Cordiale et sur la nécessité de s'ouvrir à l'international où « les appointements ne sont pas marchandés », Alfred poursuit : « la mécanique et l'électricité sont d'excellentes branches, mais les professionnels de tous pays se comptent non pas par milliers comme les chimistes, mais par centaines de mille, ce qui en déprécie tous les avantages, malgré que (sic) les études soient aussi difficiles, car comme la chimie, ces branches n'ont pas de fin par suite des progrès de la science laquelle se développe tous les ans, même pendant la guerre ».
Un troisième homme exerça une influence décisive. Un cousin, Paul Marquet qui servit d'août 1914 à janvier 1920 au 13eme Bataillon Sénégalais (3e compagnie) au Maroc. Il ne reste rien de ses lettres au sujet des dures opérations de « pacification » auxquelles il prit part, hormis les témoignages oraux de mon père qui me sont restés en mémoire (1). Toutefois, subsistent quelques lettres l'encourageant, avec une prudence toute normande, à venir y travailler. Celle du 2 juillet 1918 depuis le Djebel Hebri est loin d'être persuasive sur ce point, mais contient d'intéressants renseignements sur sa vision du Maroc.
Après avoir travaillé aux Allumettes Suédoises à Alger, Daniel partit en 1928 comme chef de laboratoire, à la Shell au Maroc où il œuvra entre autres, sur la conception de l'insecticide Shell Tox...
(1) L'historique du Bataillon durant cette période est consultable en ligne sur le site de la BNF
CONTRIBUTOR
Urbain Vincent
DATE
- 1928
LANGUAGE
fra
ITEMS
9
INSTITUTION
Europeana 1914-1918
PROGRESS
METADATA
Discover Similar Stories
Mon grand-oncle | Felix MORFAUX | mort pour la France
1 Item
Carte postale envoyée à la famille
FRAD071-141 Germaine GERMAIN | le souvenir d’un frère Mort pour la France.
4 Items
Billet de chemin de fer accordé aux proches du soldat Mort pour la France, 21 août 1919.
LETTRE DU FRONT À LA FIANCÉ D'UN MORT POUR LA FRANCE
1 Item
LETTRE MANUSCRITE D'UN SERGENT D'INFANTERIE À LA FIANCÉE DE SON FRÈRE D'ARMES MORT SUR LE FRONT EN SOMME LE 25 MARS 1917: DATES: du 9 au 25 mars 1917 LIEUX: département de la Somme à l'Ouest de Saint-Quentin, de la commune de Roye à celle d' Artemps DOCUMENT: lettre de campagne (manuscrite de 8 pages) relatant les circonstances de la mort d'un frère d'armes, lettre adressée à la fiancé du défunt PROTAGONISTES: - l'auteur: CHARLES Antoine, sergent de la 4 ième Compagnie d'Infanterie (dépot divisionnaire, secteur postal 115, 30 Infanterie) - le défunt: BOYER Alcide (de Cognac) - la destinataire: Mademoiselle Jeanne (?) INTÉRÊT: historique (après la bataille de la Somme) et surtout humain: relations entre frères d'armes, qualités morales d' Hommes de terrain